1918. La Grande Guerre ravage l’Europe depuis plus de trois ans. Depuis avril 1917, les États-Unis s’étaient engagés dans le conflit contre l’Allemagne. Mais quelques mois plus tard, la Triple Entente se fissurait : la Russie déposait les armes, la France et le Royaume-Uni poursuivant la lutte sans leur précieuse alliée. De l’autre côté des Alpes, l’Italie avait été mise à genou après l’éboulement de Caporetto, en octobre 1917. Le camp des Alliés n’a jamais été à ce point affaibli. L’Allemagne va pouvoir concentrer ses forces sur le front de France. Pour soutenir son entreprise, elle fait venir des prisonniers de guerre italiens, désormais disponibles en masse. Des dizaines de compagnies de travail italiennes sont envoyées en Belgique et en France conquises. Le calvaire de ces militaires exilés commence : partout, ils sont exploités dans des conditions abominables. La mort frappe dans leurs rangs. Mais les populations civiles, indignées, leur viennent en aide. C’est ce que feront les habitants d’Andenne sous l’impulsion d’Isabella Errera, une femme exceptionnelle. Un album photographique, sorti pour la première fois des archives, nous le raconte.
Pour résister à la poussée ennemie, la France fait également appel aux renforts italiens. Rome lui envoie des troupes combattantes et des bataillons de travailleurs. En 1918, des Italiens sont mis au service de la guerre, des deux côtés du front, une pelle ou scie à la main.
Au cours de l’été, la situation militaire se retourne : la France et ses alliés prennent l’ascendant sur leur ennemi. Les troupes allemandes entament un recul pour éviter une défaite qui s’annonce de plus en plus inéluctable.
Le calvaire des prisonniers italiens se prolonge. Emportés dans la retraite allemande, ils tombent d’épuisement. Des croix de bois italiennes sont plantées tout au long des routes de France et de Belgique, traçant la Via Crucis d’hommes transformés en bêtes de trait. Dès le lendemain de l’armistice, les survivants reprendront les mêmes routes pour retourner dans leur patrie. L’Italie recevra ses ex-prisonniers avec méfiance et mépris. Leur calvaire en terres alliées tombera dans le silence et l’ignorance.
Ce site raconte, cent ans après, l’histoire de ces Prisonniers de Guerre venus d’Italie. Une ligne du temps, des cartes, des images, des témoignages, des ressources documentaires, pour tenter de mieux connaître et de mieux comprendre la violence que cette folie humaine qu’est la guerre peut engendrer ailleurs que sur les champs de bataille.