Leur calvaire en cartes

Les lieux de détention voir la liste complète

Retraite et rapatriement voir la liste complète

Les lieux de détention voir la liste complète

Retraite et rapatriement voir la liste complète

Cette section n'est visible que sur desktop

Dressée au cœur de la forêt de Freyr, entre la barrière de Champlon et Saint-Hubert, une croix de bois rappelle la présence d’un petit cimetière où furent inhumés un prisonnier italien et un prisonnier russe. Ce modeste cimetière est situé le long du chemin des Russes, à proximité du lieu-dit « La Croix des Russes », et est accessible uniquement à pied, à partir du hameau de Mochamps (6970 Tenneville).

Dans le fonds d’archives d’Isabella Errera à Bruxelles, on peut trouver deux lettres rédigées par « gli Italiani di Moschamps », c’est-à-dire par les prisonniers qui furent enfermés dans les baraquements situés dans la forêt à proximité du hameau. L’une d’elles est datée du 9 septembre 1918 et décrit les circonstances du décès de l’un d’entre eux : « Uno dei nostri camerati, certo Gatti Antonio, ammogliato e con figli, dovette lasciarci la vita, causa, colpito in pieno dalla debolezza e senza sostento durante il corso del suo deperimento » (« Un de nos camarades, un certain Gatti Antonio, marié et avec des enfants, a dû renoncer à la vie parce qu’il tombé dans un état de grande faiblesse et s’est retrouvé sans soins au cours de son déclin »). C’est le 30 juillet 1918 que ce décès était survenu. Dans les jours suivants, ses compagnons prisonniers élevèrent une croix de bois à sa mémoire, sur laquelle ils inscrivirent son nom et son prénom, ses dates de naissance (« 2-11-1884 ») et de mort (« 30-7-1918 ») ainsi que son numéro de matricule (« matr 33951 »). Cette lettre confirme que le soldat Antonio Gatti est mort de maladie, et non lors d’une tentative d’évasion, comme certains historiens locaux en ont évoqué l’hypothèse dans des publications récentes. On peut encore aujourd’hui se recueillir devant la croix portant son nom, plantée au milieu des bois, le long du chemin forestier reliant Mochamps à Saint-Hubert. On trouve dans ce minuscule cimetière une seconde croix, rappelant la mort d’un prisonnier russe inconnu, tombé au même endroit le 17 septembre 1917.

Nombre de prisonniers inhumés : 15.
Les tombes se trouvent dans le cimetière de Belgrade à Namur (Chaussée de Waterloo 438, 5002 Namur).

Plusieurs témoignages permettent d’établir que les quinze soldats italiens inhumés dans le cimetière de Belgrade (ancienne commune limitrophe de Namur, aujourd’hui intégrée dans l’agglomération namuroise) étaient des prisonniers malades qui avaient été amenés dans des hôpitaux allemands de la ville depuis différents camps de la région. Certains provenaient par exemple de Libramont, comme en atteste le rapport dressé en août 1918 par l’évêque de Namur, Monseigneur Heylen : « Les malades [du camp de Libramont], m’a-t-on dit, ne sont pas soignés au camp, mais dirigés de suite sur Namur, où plusieurs sont déjà morts à l’hôpital ». Dans un courrier daté du 3 novembre 1918, le commerçant italo-namurois Arthur Pandozzi (membre actif de l’Œuvre d’assistance aux prisonniers Italiens déportés en Belgique animée depuis Bruxelles par Isabella Errera) écrivait : « Ici encore un mort venant du front et mort à l’hôpital de Namur le 23-10-1918. Soldato Deldorto Romeo, matricola austriaca 65583, sans autre renseignements ». Il s’agit probablement de l’homme inhumé sous la stèle portant le nom de Marco Deltorto, mais dont on ne retrouve aucune trace dans les bases de données italienne ou belge. Ce prisonnier, comme ceux détenus à Libramont, appartenait à une compagnie de prisonniers de l’armée austro-hongroise.

On rappellera ici l’histoire étonnante du soldat Vittorio Smanio décédé à Andenne le 5 février 1918, dans le camp où il était détenu. C’est seulement six mois plus tard, le 29 juillet 1918, que son acte de décès fut officiellement dressé par l’échevin de la commune d’Andenne. Ce document fut signé par deux témoins attestant de la mort du soldat « le cinq février dernier » : le docteur Charles Ledoyen, qui assistait les prisonniers depuis leur arrivée à Andenne en janvier 1918, et Arthur Pandozzi, le représentant de commerce habitant à Namur « qui a dit être compatriote du défunt », comme le précise l’acte de décès. Un document de la ville d’Andenne datant d’avril 1919 signale le fait que le corps de Vittorio Smanio « fut transporté à Namur » et que des renseignements à ce sujet pouvaient être obtenus auprès d’Arthur Pandozzi, « lequel s’est spécialement occupé de ses compatriotes ». Dès lors, il apparait fort probable que l’acte de décès de Smanio fut dressé en juillet 1918 pour permettre à Pandozzi d’exhumer sa dépouille et de la transporter à Namur, pour qu’elle soit enterrée auprès de ses compatriotes déjà inhumés dans le cimetière de Belgrade, en un lieu plus digne pour honorer sa mémoire.

Le modeste monument disposé à l’arrière des tombes est dû à l’initiative de la section des anciens combattants italiens de Namur-Namêche et fut inauguré le 10 novembre 1963.

Chronologie des décès de prisonniers italiens inhumés à Namur :

† 04-01-1918 ÷ MONICA Dante – 39° reggimento fanteria
† 05-02-1918 ÷ SMANIO Vittorio – 58° reggimento fanteria
† 15-02-1918 ÷ REMOLI Vincenzo – 137° reggimento fanteria
† 26-03-1918 ÷ ALLEGRI Armando – 49° reggimento fanteria
† 21-06-1918 ÷ DE STEFANI Pietro – 202° reggimento fanteria
† 27-06-1918 ÷ COLOMBO Stefano – 5° reggimento alpini
† 27-06-1918 ÷ MOLINELLI Ermenegildo – 24° reggimento fanteria
† 07-07-1918 ÷ PACIONE Emilio – 8° reggimento artiglieria da fortezza
† 09-07-1918 ÷ MALIMPENSA Virginio – 21° reggimento bersaglieri
† 07-11-1918 ÷ BUSSOLIN Vittorio – ?
† xx-xx-1918 ÷ BUSSOLETTO Carlo – ?
† xx-xx-1918 ÷ DELTORTO Marco – ?
† xx-xx-1918 ÷ PACITTI Antonio – ?
† xx-xx-1918 ÷ PASQUALI Orazio – ?
† xx-xx-1918 ÷ SEROMBA Francesco – ?

Nombre de prisonniers inhumés : 81.
Les tombes se trouvent dans le cimetière militaire belge de Houthulst (Militair Kerkhof van Houthulst, Poelkapellestraat, 8650 Houthulst).

Le cimetière militaire belge de Houthulst fut inauguré en 1923. Il se situe dans la portion du territoire belge où, durant toute la durée de la guerre, s’étendait la ligne de front. Situé à côté de Poelkapelle, Houthulst était connu pour sa forêt où se livrèrent de terribles combats lors de l’avancée victorieuse de l’armée belge en 1918. Largement dévastée, la zone comptait également de nombreux cimetières où reposaient des soldats de diverses nationalités. Dès 1919, l’armée belge avait entrepris de réhabiliter cette région, notamment en réorganisant les sépultures militaires et en les regroupant par nationalités, selon les directives des différents pays concernés. Or, en mars 1924, deux corps italiens étaient exhumés de manière imprévue dans le cimetière de Oostrozebeke, une localité de Flandre occidentale. L’un s’appelait Fortunato Cheli, l’autre ne put être identifié. Les deux corps italiens furent transportés d’Oostrozebeke à Houthulst et réinhumés dans une portion encore vide du cimetière militaire belge, qui venait d’être inauguré quelques mois plus tôt.

C’est à la fin de l’année 1925, au même moment où se décidait, en France, le grand transfert des tombes italiennes vers Bligny, que fut opéré le premier regroupement massif de dépouilles militaires italiennes en Belgique (le second se déroulera en 1928). Il concerna précisément la Flandre occidentale. Entre le 26 octobre et le 20 novembre 1925, 67 dépouilles italiennes furent exhumées dans divers cimetières communaux de la province et transférées à Houthulst. Trois autres corps furent encore amenés à Houthulst en 1928, en 1929 et à une date inconnue (mais durant l’entre-deux-guerres). Ces regroupements furent réalisés par le Service des sépultures militaires attaché au ministère belge de la Guerre. Chaque exhumation et inhumation fut consignée dans un procès-verbal indiquant le nom du soldat, son état civil, l’emplacement d’inhumation dans le cimetière, le numéro de l’ancienne tombe et celui de la nouvelle. Ce sont ces documents qui ont permis à l’historien Dries Vanysacker d’établir la liste précise des dépouilles transférées et des localités où elles étaient enterrées précédemment.

Enfin, en novembre 1975, les dépouilles des six soldats italiens enterrés à Deinze furent ramenées à Houthulst.

Les dépouilles inhumées à Houthulst proviennent des localités suivantes : Aartrijke-Wijnendaele, Ardooie, Bas-Warneton, Beveren-bij-Roeselare, Dadizele, Deinze, Gistel, Izegem, Kortrijk, Lauwe, Marke, Oostrozebeke, Ploegsteert, Rumbeke, Wervik.

Le cimetière actuel compte au total 1804 tombes, dont 1723 de soldats belges et 81 de soldats italiens (dont 7 sont inconnus).

D. VANYSACKER – L. DEVLIEGHERE – M. GLORIEUX – G. OSSIEUR, Ai nostri gloriosi morti. L’énigme de la présence des soldats italiens en Belgique pendant la Première Guerre mondiale, Ieper, In Flanders Fields Museum, 2019, pp. 35-39.

Chronologie des décès de prisonniers italiens inhumés à Houthulst :

† 21-12-1917 ÷ CORINNO Carlo – 147° reggimento fanteria
† 24-12-1917 ÷ PISCHEDDA Antonio – 47° reggimento fanteria
† 03-01-1918 ÷ MICHELETTI Giuseppe – 280° reggimento fanteria
† 04-01-1918 ÷ CARDELLI Vivarello – 88° reggimento fanteria
† 08-01-1918 ÷ LOCATELLI Angelo – 156° reggimento fanteria
† 08-01-1918 ÷ LUMINI Gaetano – 3° reggimento genio
† 11-01-1918 ÷ PARRONCHI Bernardino – 98° reggimento fanteria
† 12-01-1918 ÷ GRASSO Egidio – 2° reggimento alpini
† 14-01-1918 ÷ DADDI Giovanni – 5° reggimento genio minatori
† 14-01-1918 ÷ MONZANI Raimondo – 1° reggimento granatieri
† 15-01-1918 ÷ BOCCHINO Giuseppe – 1° reggimento artiglieria da campagna
† 15-01-1918 ÷ FOSOLINI Mario – 1° reggimento genio
† 16-01-1918 ÷ LEGGIO Giovanni – 75° reggimento fanteria
† 16-01-1918 ÷ OTTAVI Alfredo – 1° reggimento granatieri
† 17-01-1918 ÷ ESPOSITO Emidio – 11°/21° reggimento bersaglieri
† 17-01-1918 ÷ SAMPIETRO Luigi – 254° reggimento fanteria
† 25-01-1918 ÷ BRUNDU Giuseppe – 152° reggimento fanteria
† 29-01-1918 ÷ GUION Giuseppe – 2° reggimento granatieri
† 31-01-1918 ÷ BUSSONI Pietro – 58° reggimento fanteria
† 03-02-1918 ÷ CANTAMESSA Giacomo – 2° reggimento alpini
† 04-02-1918 ÷ CROCCO Giovanni – 147° reggimento fanteria
† 04-02-1918 ÷ DELMIGLIO Angelo – 48° reggimento fanteria
† 08-02-1918 ÷ PIVETTA Basilio – 126° reggimento fanteria
† 08-02-1918 ÷ VERDECCHIA Emidio – 35° reggimento fanteria
† 09-02-1918 ÷ SALVATELLI Salvatore – 1° reggimento artiglieria pesante campale
† 10-02-1918 ÷ PETTINARI Pietro – 126° reggimento fanteria
† 17-02-1918 ÷ DE SANTI Guerrino – 94° reggimento fanteria
† 19-02-1918 ÷ SUCCI Battista – 215a batteria bombardieri
† 20-02-1918 ÷ LAURETTA Orazio – 6° reggimento fanteria
† 22-02-1918 ÷ GATTI Ernesto – 1° reggimento alpini
† 22-02-1918 ÷ GAUDENZI Adamo – 2° reggimento bersaglieri
† 26-02-1918 ÷ POPOLO Raffaele – 2° reggimento artiglieria
† 02-03-1918 ÷ ZILIO Battista – 2° reggimento granatieri
† 07-03-1918 ÷ MARCUZZO Riccardo – 97° reggimento fanteria
† 08-03-1918 ÷ GARGIANI Giuseppe – 27° reggimento fanteria
† 09-03-1918 ÷ LAROTONDA Pasquale – 241° reggimento fanteria
† 14-03-1918 ÷ ROSETTI Guido – 8° reggimento fanteria
† 23-03-1918 ÷ STOCCO Giovanni – 212° reggimento fanteria
† 30-03-1918 ÷ ROCCHIO Nicola – 88° reggimento fanteria
† 01-04-1918 ÷ LUCATI Domenico – ?
† 24-04-1918 ÷ MONDELLI Francesco – 855a compagnia mitraglieri
† 04-05-1918 ÷ ORLANDI Antonio – 10° reggimento artiglieria da fortezza
† 06-05-1918 ÷ GIUNTINI Tranquillo – 3° reggimento artiglieria da montagna
† 14-05-1918 ÷ LA VALLE [LAVALLE] Filippo – 15° reggimento fanteria
† 19-05-1918 ÷ COLOMBARA Giuseppe – 280° reggimento fanteria
† 12-06-1918 ÷ FERRARI Alessandro – 89° reggimento fanteria
† 12-06-1918 ÷ POSSAMAI Antonio – 37° reggimento fanteria
† 12-06-1918 ÷ TASSELLI [PASELLI] Eugenio – 98° reggimento fanteria
† 04-07-1918 ÷ CHELI Fortunato – 2° reggimento alpini
† 07-07-1918 ÷ TONIOLA Antonio – 6° reggimento alpini
† 10-07-1918 ÷ CALLIPARI Antonio – 6° reggimento fanteria
† 13-07-1918 ÷ PARISOTTO Giovanni Battista – 97° reggimento fanteria
† 16-07-1918 ÷ BULLITTA Pasquale – 41° reggimento fanteria
† 16-07-1918 ÷ CORTI Eligio – 4° reggimento bersaglieri
† 20-07-1918 ÷ GARGANO Donato – 207° reggimento fanteria
† 22-07-1918 ÷ DI ROSA Antonio – 51° reggimento fanteria
† 22-07-1918 ÷ MATTIOLI Gino – 2° reggimento alpini
† 24-07-1918 ÷ GIGLI Luigi – 217° reggimento fanteria
† 25-07-1918 ÷ PERSICO Stefano – 47a batteria bombardieri
† 22-08-1918 ÷ CENTORAMI [CENTORAME] Vincenzo – 8° reggimento artiglieria da fortezza
† 05-10-1918 ÷ BOSCHET Paolo – 5° reggimento genio
† 05-10-1918 ÷ CROSTA Alberto – 263° reggimento fanteria
† 05-10-1918 ÷ NATALI Mario – 39° reggimento fanteria
† 05-10-1918 ÷ ODIARDO Bagio – 246° reggimento fanteria

† xx-xx-1918 ÷ BERATE Angelo – ?
† xx-xx-1918 ÷ DANTO Carlo – 97° reggimento fanteria
† xx-xx-1918 ÷ DE FEMINI Giovanni – ?
† xx-xx-1918 ÷ GIUSTI Vittorio – 1° reggimento granatieri
† xx-xx-1918 ÷ IACONE Salvatore – ?
† xx-xx-1918 ÷ MARTELLI – ?
† xx-xx-1918 ÷ MERLINI Mario – 6° reggimento fanteria
† xx-xx-1918 ÷ PORTICONI Antonio – ?
† xx-xx-1918 ÷ SADINI Giulio – ?
† xx-xx-1918 ÷ WIZO [VIZO] Pietro – ?

Nombre de prisonniers inhumés : 42.

Les tombes se trouvent dans le cimetière du Schoonselhof (Begraafplaats Schoonselhof, Krijgsbaan 100, 2660 Hoboken).

Chronologie des décès de prisonniers italiens inhumés à Anvers :

† 06-02-1918 ÷ OLIVA Santo – 89° reggimento fanteria
† 26-02-1918 ÷ DIMARTINO Biagio – 75° reggimento fanteria
† 01-03[09]-1918 ÷ NOBILI Rodolfo – 1° reggimento genio
† 02-04-1918 ÷ MENEGALDO Luigi – 22° reggimento fanteria
† 03-04-1918 ÷ GERADANO [GERRATANO] Pasquale – 148° reggimento fanteria
† 03-04-1918 ÷ SUIDERO [SNIDERO] Davide – 211° reggimento fanteria
† 08-05-1918 ÷ BROCCARDO Silvio [Silverio] – 20° reggimento bersaglieri
† 09-05-1918 ÷ GHEZZI [GESSI] Ernesto – 7° reggimento fanteria
† 16-05-1918 ÷ SETOLO [SETOLA] Michele – 133° reggimento fanteria
† 18-05-1918 ÷ BERNARDINELLO [BELARDINELLI] Marino – 129° reggimento fanteria
† 24-06-1918 ÷ NARDI Francesco – 224° reggimento fanteria
† 25-05-1918 ÷ BUCCI Enrico – 13° reggimento bersaglieri
† 30-05-1918/05-11-1918 ÷ MIGLIARI Oliva – 14° reggimento bersaglieri/73° reggimento fanteria
† 10-07-1918 ÷ GIOVANNELLI Amerigo (Enrico) – 119° reggimento fanteria
† 18-07-1918 ÷ MAZZINI [MAZZILLI] Giuseppe – 21° reggimento fanteria
† 24-07-1918 ÷ CAMAROTTO Angelo – 116° reggimento fanteria
† 09-08-1918 ÷ MONTERO [MANTERO] Giuseppe – 1° reggimento genio
† 15-08-1918 ÷ BROGLIA Federico – 38° reggimento fanteria
† 16-08-1918 ÷ BIGNARDI Enrico – ?
† 20-08-1918 ÷ SAI Giorgio – 151° reggimento fanteria
† 31-08-1918 ÷ TOMMASINELLI Giuseppe – 42° reggimento fanteria
† 08-09-1918 ÷ BONIFACIO [BONIFAZI] Antonio – ?
† 27-09-1918 ÷ BORGHI Enrico – 14° reggimento artiglieria da campagna
† 10-10-1918 ÷ DE MURTAS Massimo – 4° reggimento artiglieria da campagna
† 17-10-1918 ÷ MIELE Pasquale – 55° reggimento artiglieria da campagna
† 17-12-1918 ÷ PARRI Arrigo – 2° reggimento fanteria

† xx-xx-1918 ÷ AMATRINI Pietro – ?
† xx-xx-1918 ÷ ANGERMO Mario – ?
† xx-xx-1918 ÷ BORELLI Battista – 2° Reggimento Alpini
† xx-xx-1918 ÷ CARBONI Domenico – ?
† xx-xx-1918 ÷ COLOMBO Enrico – ?
† xx-xx-1918 ÷ GIACHIERO Pietro – ?
† xx-xx-1918 ÷ GRANZIERA Fermo – ?
† xx-xx-1918 ÷ MARIANO Francesco – ?
† xx-xx-1918 ÷ MIGLIARI Oliva – ?
† xx-xx-1918 ÷ PARADI Giacomo – ?
† xx-xx-1918 ÷ PASCAL Umberto – ?
† xx-xx-1918 ÷ PERGUIDI Paolo
† xx-xx-1918 ÷ SCARAMUZZA – ?
† xx-xx-1918 ÷ SPADONI Valente – ?
† xx-xx-1918 ÷ SPAZZIANI Stefano – ?
† xx-xx-1918 ÷ SPIRITO Luciano – ?
† xx-xx-1918 ÷ VASSALLI Cristoforo – ?

Des soldats français et allemands furent enterrés dans le cimetière de Torcy dès les combats d’août 1914. À cette époque, les hommes de troupes étaient inhumés en fosse collective, et de nombreuses identités furent perdues à jamais. Des soldats russes, roumains et italiens furent également inhumés à Torcy par la suite ; il s’agissait cette fois de prisonniers décédés en captivité lors de leur séjour à Sedan, où ils étaient nombreux à travailler.

Le cimetière de Torcy fut constitué en « cimetière national » en 1923, date à laquelle y furent amenés des corps non identifiés de soldats français inhumés dans divers cimetières de la région. Par la suite fut installée la plaque commémorative signalant la présence, entre autres, de corps italiens.

La nécropole de Torcy contient également des tombes de soldats britanniques, eux aussi décédés au cours de leur captivité, et dont les dépouilles furent ramenées depuis différents cimetières ardennais.

Selon les informations officielles françaises fournies sur place, la pelouse militaire de Torcy contient aujourd’hui les corps de 2 909 soldats, à savoir 2 794 Français (dont 2 050 en ossuaire), 45 Britanniques, 38 Russes (dont 29 en ossuaire), 24 Roumains (dont 1 en tombe individuelle) et 4 Italiens.

Un élément interpelle néanmoins l’historien : la liste du cimetière italien de Bligny contient quatre noms de soldats décédés à Sedan. S’agirait-il des inconnus honorés à Torcy ? Les dates de leurs décès (en mai, juillet et août 1918) attestent qu’il s’agit assurément de soldats décédés aux mains de leurs ennemis et non lors de l’avancée du 2e Corps d’Armée italien dans la région.

Marie-France Barbe, « Lieux de mémoire : nécropoles, carrés militaires, monuments aux morts », dans Violette Rouchy-Lévy (dir.), La Première Guerre mondiale dans les Ardennes. Études pour le Centenaire, Charleville-Mézières, Terres Ardennaises, 2014, p.158.

Chronologie des décès de prisonniers italiens inhumés à Sedan (puis transférés à Bligny) :

† 01-05-1918 ÷ BOSSI Giuseppe – 14° reggimento artiglieria da campana
† 20-05-1918 ÷ CASINI Pietro -771a compagnia mitr.
† 30-07-1918 ÷ LEBULE Celestino – 303a compagnia lavoratori
† 17-08-1918 ÷ RENZI Adolfo – 80° reggimento fanteria

Que montre cette carte ?

Cette carte indique les localités belges et françaises (connues de nous) où des prisonniers italiens furent inhumés en 1917, 1918 ou 1919.

En 1920, on trouvait en Belgique 548 sépultures de militaires italiens réparties sur 79 communes et 8 provinces (seule la province du Limbourg faisait exception) ; mais aujourd’hui, il n’existe plus que 9 cimetières contenant des tombes de soldats italiens datant de la Première Guerre mondiale.

En France, en 1920, entre 1659 et 1748 soldats italiens, décédés au cours de leur captivité, avaient été inhumés dans au moins 92 localités différentes. Un siècle plus tard, il reste 14 cimetières en France dans lesquels se trouvent des dépouilles de soldats italiens morts durant leur captivité (en ce compris les nécropoles de Bligny et Soupir).

En effet, les autorités militaires italiennes ont réalisé durant l’entre-deux-guerres d’importantes opérations de regroupement des dépouilles des soldats de leur pays dans un petit nombre de nécropoles militaires (Bligny et Soupir en France, Houthulst et Liège en Belgique). Le nombre de rapatriements de corps de prisonniers en Italie fut infime, voire nul.

Les cimetières qui ont perdu leurs sépultures militaires italiennes sont indiqués par une icône de couleur noire, et ceux qui en contiennent encore actuellement sont indiqués par une icône de couleur rouge. Les cimetières où se trouvent encore aujourd’hui des stèles de soldats italiens mais vides de corps (ceux-ci ayant été exhumés et transférés en un autre cimetière) sont indiqués par une icône de couleur verte.

La localisation de ces cimetières (anciens et actuels) s’explique par trois facteurs distincts :

La localisation géographique des camps de travail et des hôpitaux militaires pendant la période d’occupation allemande (décembre 1917-octobre 1918) ;
Les itinéraires empruntés par les prisonniers italiens, d’abord lors de la retraite finale des armées allemandes à travers la France et la Belgique (septembre à novembre 1918), ensuite lors de leur rapatriement (novembre-février 1919) ;
Les opérations de regroupement des sépultures réalisées ultérieurement par les autorités italiennes.

Au total, entre 25 000 et 40 000 prisonniers italiens furent envoyés sur le front occidental en 1917-1918 ; plus de deux mille d’entre eux y perdirent la vie et reposent encore aujourd’hui dans des cimetières militaires ou civils de Belgique et de France.

Les noms de lieux en France

L’écriture des noms des localités peut varier selon la langue et la période de rédaction des documents consultés. Le tableau ci-dessous contient la liste des localités, actuellement françaises, situées en Alsace-Lorraine qui étaient sous autorité prussienne jusqu’en 1918 et portaient alors un nom allemand.

Graphie française	Graphie allemande (1918)
Graphie française	Graphie allemande (1918)	Audun-le-Tiche	Deutschoth, Deutsch-Oth
Châtenois	Kestenholz
Graffenstaden	Grafenstaden, Illkirch-Grafenstaden, Illkirch-Graffenstaden
Montigny-lès-Metz	Monteningen
Morhange	Morchingen
Moyeuvre-Grande	Grossmoyeuvre, Grossmövern
Obernai	Oberehnheim
Retschwiller	Retschweiler
Steinbrunn-le-Haut	Obersteinbrunn
Sundhoffen	Sundhofen
Thionville	Diedenhoffen
Valff	Walf
Wissembourg	Weissenburg

Parmi les prisonniers italiens cantonnés dans cette localité, six décèdent entre février et avril 1918.

Après la guerre, les autorités communales font installer une pierre tombale sur laquelle sont inscrits les noms des six soldats. Un communiqué, publié en français et italien, paraît dans la presse locale le 7 octobre 1922, priant « tous les Italiens de la région d’assister à la Commémoration du monument érigé à la mémoire des soldats italiens morts en captivité à Acoz ». Un départ en train est organisé à partir de la gare de Charleroi, à 8h30 le lendemain, dimanche 8 octobre 1922.

Les lecteurs de la Gazette de Charleroi ont pu lire un compte-rendu de cet événement, publié le 10 octobre :

« La petite et riante commune d’Acoz s’était, dimanche, parée avec tout le tact requis pour honorer six malheureux enfants d’Italie morts victimes de la cruauté des Prussiens.

La cérémonie a été favorisée par un pâle soleil, qu’on eût dit de novembre, mois où se célèbre le souvenir des disparus.

Toute l’honnête et laborieuse population du village s’était donné rendez-vous près de la Maison communale, qui fut détruite par les Boches et que l’on est en train de reconstruire. De là, on devait se rendre en cortège au cimetière.

Déjà, de bonne heure, les fenêtres des maisons s’étaient garnies de drapeaux belges, italiens et alliés.

De nombreux groupes d’Italiens – des travailleurs généralement – arrivaient des environs, pour prendre part à la cérémonie, qui commença à 10 heures, par une messe à l’église.

Puis arrivent les autorités civile et militaire.

Citons, du côté officiel italien, l’attaché militaire italien auprès de l’ambassade royale d’Italie à Bruxelles, M. le colonel Maltese, et M. Emile Buisset, agent consulaire d’Italie à Charleroi, bourgmestre de cette ville.

Parmi les autorités belges et alliées, signalons M. le général Molitor, accompagné de son aide de camp, ainsi que le consul d’Angleterre. Le consul de France s’était excusé, étant retenu à Paris.

Les diverses autorités furent reçues par M. Pirmez, vice-président de la Chambre des représentants, et par le Bourgmestre d’Acoz, M. de Dorlodot, entouré des membres du conseil communal et ceux du Comité organisateur, dont le président est M. Dupuis, ingénieur.

Le cortège auquel participent plusieurs sociétés ainsi que les enfants des écoles, se rendit au cimetière où l’inauguration du monument eut lieu au cours d’une cérémonie fort touchante.

La foule nombreuse se massa en ordre parfait autour de la tribune officielle, où étaient placées les autorités.

Le premier à prendre la parole fut M. l’ingénieur Dupuis, président de l’œuvre des prisonniers italiens. en quelques mots bien sentis, il expliqua la reconnaissance que le Comité avait à cœur de témoigner à la nation italienne.

Puis M. le colonel Maltese, au nom du gouvernement de S.M. le roi d’Italie, prononça le discours suivant :

Permettez-moi de vous exprimer dans ce lieu de repos et de piété où je viens représenter l’ambassadeur de S.M. le Roi d’Italie ma profonde émotion et mes sentiments de sympathie pour tous ceux qui ont contribué à honorer ces soldats d’Italie, morts à cause de la guerre.

Les six soldats italiens dont les dépouilles mortelles reposent devant nous, quoique presque inconnus, témoignent, dans ce beau coin de la Belgique, de l’effort et du sacrifice de ma patrie pour une cause qui a été commune à la vôtre. Ils témoignent de l’effort d’un pays qui, à côté de centaines de milliers de morts sur les champs de bataille, compte aussi des milliers de prisonniers, dont la mort obscure, parmi des souffrances énormes, nous demande encore un sentiment de pitié…

Mais ces tombes fleuries, cette vivante poésie à côté de ce morne souvenir, nous font penser qu’heureusement ces soldats et leurs camarades de captivité ont eu le grand réconfort de traîner leurs peines dans un pays ami, parmi une population qui secrètement, mais sincèrement s’efforçait de les secourir, et qui aujourd’hui porte sur les tombes de ceux qui n’ont pas survécu, la bonté d’un souvenir, d’un souvenir dont la lumière va au-delà de l’étroite enceinte de ce petit cimetière…

Oui, Mesdames, Messieurs, l’hommage que vous portez à ces soldats italiens est un sentiment qui a la puissance d’aller bien loin dans l’espace et dans le temps ; qui rayonne et se confond avec des sentiments qui fleurissent ailleurs, pour honorer les plus grandes vertus humaines : le sacrifice et le dévouement dont les soldats belges et les soldats des armées alliées ont donné des preuves si grandes. Songeons qu’aujourd’hui, à cette même heure, votre héroïque Roi, à Hasselt, rend hommage aux morts du Limbourg ; pensons qu’à cette même heure, à Paris, au cimetière du Père-Lachaise, on rend hommage aux Belges morts en France. Jusqu’au jour où les morts de la guerre seront honorés, dureront bien solides les liens que nous avons noués pendant cette lutte, et à ce grand sentiment de fraternité chacun de nous aura contribué. Ainsi une cérémonie comme celle d’aujourd’hui à laquelle vous m’avez fait le grand honneur de m’inviter, devient une action de foi, une source d’espérance, un gage d’amour.

Soldats d’Italie ! reposez en paix dans cette douce terre de Belgique. Votre sacrifice restera vivant et honoré comme vivant et honoré restera le souvenir des citoyens d’Acoz pour vos camarades qui, rentrés en Italie, auront raconté dans leurs foyers quel soulagement peut apporter à l’immense souffrance de la captivité la bienveillance de l’âge belge.

Puis, le général Molitor, au nom de l’armée belge, salua les glorieux enfants d’Italie morts sur notre sol, qui, après avoir vaillamment lutté en soldats, avaient mérité le respect de l’ennemi et non pas la haine que celui-ci leur voua.

Il rappelle qu’en Afrique – où ce magnifique officier se couvrit de gloire – il eut l’occasion de connaître et d’apprécier les belles qualités de courage, de sobriété et d’urbanité que les Italiens possèdent et il souhaite que ces malheureux morts restent ici, toujours, le témoignage touchant des sacrifices que l’Italie consentit généreusement pour contribuer à la défense de la liberté des Belges. Il est convaincu que cette fraternité resserrera dans les bons comme dans les mauvais jours, les nations de civilisation latine.
M. le député Emile Buisset remercia, avec une éloquente émotion, les promoteurs de ce mémorial et il les félicita d’avoir su montrer à nos amis d’Italie, que tous les Belges, même les plus humbles, n’oublient jamais d’accomplir, même dans les conditions les plus terribles comme celles de la guerre lorsque la population connut les affres de la faim, leur devoir d’humanité envers ceux qui souffrent avec eux et pour eux.

C’est ainsi, dit-il, que les gens d’Acoz se privèrent eux-mêmes du peu qu’ils avaient à manger pour secourir ces malheureux soldats italiens que les barbares martyrisaient avec des raffinements de froide cruauté.

Ce furent les admirables femmes belges qui donnèrent la plus haute preuve d’altruisme même au risque des pires dangers.

M. Buisset termine son discours en rappelant que malgré la paix, le péril n’est point dissipé entièrement. L’espoir d’une revanche n’est point perdu de l’autre côté du Rhin. Seule, l’union loyale de tous les Alliés et, surtout, l’Union latine qu’il souhaite ardemment, peuvent nous préserver de nouveaux malheurs.

Le président du « Circolo italiano », M. Fredo Franzoni, au nom des Italiens de la région, dit la reconnaissance de son pays pour toute la généreuse assistance que les Belges accordèrent à ses malheureux compatriotes, victimes de la brutalité allemande.

Les Italiens, dit-il, sont fiers de s’être battus pour une nation qui a toujours prouvé au monde son grand respect pour la liberté et la dignité humaine.

Et il invita ses compatriotes à saluer solennellement leurs frères morts de misère après s’être battus en chevaliers de l’Humanité. Et ce fut impressionnant de voir tous ces Italiens, humbles travailleurs, se mettre à genoux comme un seul homme. Un silence religieux passa sur l’assemblée, émue de ce beau geste.

Et après ce fut une acclamation puissante à la Belgique et à l’Italie.

Quand le Président des Combattants de la localité eut prononcé quelques phrases élogieuses pour ces soldats morts, le Bourgmestre d’Acoz, M. de Doorlodot remercia les autorités présentes et leur donna l’assurance que la commune d’Acoz, qui accorde le terrain définitivement à la sépulture des soldats italiens, ne manquera pas de veiller afin que cette tombe commune soit toujours gardée comme un souvenir des liens qui nous unissent à l’Italie.

Les clairons sonnent aux champs. La cérémonie est terminée.

Entre les discours la musique d’Acoz, envoyée par M. Pirmez, avait joué les hymnes nationaux italien et belge. »

Sur la pierre qui fut inaugurée ce dimanche 8 octobre 1922, y était gravé cette phrase :

« Soldats italiens prisonniers de guerre victimes innocentes de la barbarie allemande respectivement décédés les 22 février 2 mars 20 mars 15 avril 16 avril 29 avril 1918 au camp de Moncheret à Acoz. R.I.P. ».

Les corps de ces soldats seront transférés en juillet 1928 dans la nécropole militaire de Robermont à Liège, où ils reposent désormais.

La stèle érigée à leur mémoire est toujours visible dans le cimetière communal.

Chronologie des décès de prisonniers italiens (6) à Acoz :

† 22-02-1918 ÷ BOMBACI Giuseppe

† 02-03-1918 ÷ CARMINE Pietro – ?

† 20-03-1918 ÷ MASSIMO Giovanni – 201° reggimento fanteria

† 16-04-1918 ÷ DAGHETI Ernesto – 42° reggimento fanteria

† 17-04-1918 ÷ FRANCESCHINI Lorenzo – 232° reggimento fanteria

† 29-04-1918 ÷ REGGIA Luigi – 42° reggimento fanteria

Quatre prisonniers italiens furent enterrés dans cette localité, entre janvier et avril 1918, dans deux cimetières différents.

Dans le cimetière communal, fut enterré Battista Zilio, décédé le 2 mars 1918.

Dans le Ehrenfriedhof Aartrijke (le cimetière militaire allemand), furent enterrés Raimondo Monzani (décédé le 14 janvier 1918), Francesco Mondelli (abattu le 24 avril 1918) et Vittorio Giusti (dont la date de décès n’est pas établie).

Le soldat Francesco Mondelli fut abattu par une sentinelle allemande, le 24 avril 1918 : la scène se déroula dans la Bruggestraat (rue de Bruges), alors que l’Italien était sorti du rang ou avait quitté son poste pour trouver de la nourriture. Il fut alors inhumé dans le cimetière militaire allemand d’Aartrijke.

Deux prisonniers furent initialement enterrés à Zedelgem, une localité voisine, située à moins de cinq kilomètres d’Aartrijke. À Zedelgem se trouvait un lazaret, où étaient soignés tant des soldats allemands que des civils ou des prisonniers blessés par des explosions d’obus tirés depuis les lignes alliées. C’est là que le pasteur Ronse prononça les derniers sacrements pour deux prisonniers italiens : le 14 janvier 1918 pour « Raymundus Mossani, né en Calabre », écrit-il (il s’agit en réalité de Raimondo Monzani, né en 1883 près de Bergame) ; et le 28 mars, pour un autre dont il ne précise pas le nom (il pourrait s’agir de Vittorio Giusti, qui sera porté au cimetière militaire allemand d’Aartrijke, comme le fut Monzani le 6 février 1918).

Les corps de ces soldats furent transférés en novembre 1925 dans la nécropole militaire de Houthulst, où ils reposent désormais.

Chronologie des décès de prisonniers italiens (4) à Aartrijke :

† 14-01-1918 ÷ MONZANI Raimondo – 1° reggimento granatieri

† 02-03-1918 ÷ ZILIO Battista – 2° reggimento granatieri

† 24-04-1918 ÷ MONDELLI Francesco – 855^a compagnia mitraglieri

† XX-XX-1918 ÷ GIUSTI Vittorio – 1° reggimento granatieri

Nous sommes à Gozée, un village situé à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Charleroi, sur la route menant à Beaumont puis vers la frontière française. Jules Renard (1864-1961) et son épouse Céline Grawez (1869-1948) habitent le long de cette chaussée, à la sortie nord du village au lieu-dit « Là-Haut », à proximité de la fourche entre les routes de Montigny-le-Tilleul et de Bomerée. Ouvrier aux chemins de fer depuis l’âge de dix-sept ans, Jules avait entrepris dès le début de la guerre de noter tout ce qu’il observait dans son village. Le 23 août 1914, de terribles combats entre Allemands et Français fauchèrent des dizaines de soldats des deux camps, dont les nombreuses tombes émailleront les chemins et les champs de Gozée pendant plus d’une année, avant d’être regroupées dans un cimetière militaire aménagé par l’occupant. En 1915, Jules Renard est frappé par le deuil : son fils Marc est tombé dans la nuit du 11 au 12 mai 1915 sur l’Yser, près de Dixmude, à l’âge de vingt ans. Le père éploré poursuit néanmoins la rédaction de son carnet, en mémoire de son fils disparu.

En octobre 1918, Jules se demande si l’heure de la « débâcle » allemande est venue. Il écrit :
« A partir du 14 octobre 1918, de nombreuses colonnes du corps des transports, venant de la direction de Beaumont nous arrivent, mais, à peine installées le long de la chaussée, disparaissent vers Marchiennes, Bomerée et Ham-sur-Heure. Sont-ce les préparatifs de départ de l’armée d’occupation ? Serait-ce la débâcle ? Attendons les événements qu’apporteront les jours prochains. Des colonnes d’infanterie et d’artillerie, des convois de prisonniers français, anglais, russes et italiens et des charrois traversent journellement notre petit village revenant du front, tandis que de nombreuses autos de ravitaillement s’y rendent. D’autres autos chargées d’officiers font également la navette entre Charleroi et le front français, crevant l’air de leurs coups de sifflets aigus, saccadés et autoritaires. »

Jules observe avec une grande attention les passages de troupes et de matériel. Il compte avec une précision impressionnante les hommes, les véhicules et les animaux qui défilent devant chez lui. Entre le 12 octobre et le 8 novembre 1918, il dénombre ainsi 5875 prisonniers alliés qui traversent le village. Parmi eux, il y eut 1967 Français, 1464 Anglais, 1382 Russes, 47 Américains et 1015 Italiens, dont il nota les contingents et les mouvements chaque jour.

Les Italiens constituent la dernière nationalité de prisonniers à transiter par Gozée. C’est en date du 6 novembre 1918 qu’ils apparaissent pour la première fois dans le carnet de Jules Renard : 500 d’entre eux, équipés de 120 « pousse-pousse » (sans doute des charrettes à bras), passent à 11h45, encadrés par cinquante soldats allemands. À 15 heures, un groupe de quatre-vingts autres Italiens prisonniers fait halte à Gozée. Ils « logent la nuit aux Écoles de Là-Haut » écrit Jules, à quelques encablures de sa maison.
Le lendemain, 7 novembre, un second groupe de 80 Italiens traverse le village à 7 heures du matin, avec cinq voitures à deux chevaux. À 10 heures, 200 autres prisonniers passent à leur tour, accompagnant cinq chariots tirés chacun par deux bœufs. Une demi-heure plus tard, le groupe des 80 Italiens logés aux écoles quitte les lieux. À 11h20, ce sont 210 prisonniers russes puis, à midi, 155 prisonniers italiens qui défilent devant les yeux de Jules Renard. Ce furent les derniers Italiens à traverser Gozée.

Les 1015 prisonniers italiens suivirent tous la direction de Bomerée vers le nord-est, empruntant l’imposante drève bordée d’arbres menant vers la Sambre et Charleroi.

Un peloton de prisonniers russes passa encore le lendemain, le 8 novembre. Mais plus aucun prisonnier allié ne fut aperçu à Gozée dans les jours suivants. Jules Renard raconte comment fut fêtée l’annonce de l’armistice :
« Ce lundi 11 novembre 1918, à 16 heures, toutes les cloches de notre église ont sonné à toute volée, semblant égrener des airs de triomphe et annonçant aux Gozéens l’heure bénie de la délivrance. A la même heure, l’armistice étant connu, les drapeaux sortirent timidement, celui de l’église d’abord et celui-là en appela d’autres, si bien que, dès le lendemain matin, le village tout entier, à la face même de nos oppresseurs regagnant piteusement leur pays, chantait sa joie de la victoire et de la délivrance, dans une mise des couleurs belges, françaises, anglaises et italiennes. Comme expression des transports de leur joie, j’ai remarqué, entre 16h et 18h, que tous les soldats allemands encombrant la chaussée, en face des écoles de Gozée (Là-Haut) dansaient une espèce de farandole pendant que l’un d’eux montrait un zèle intempestif à agiter à tout rompre, la sonnette de l’école des garçons. »

Le tricolore italien flotta donc dans un petit village wallon qu’avaient traversé, quelques jours plus tôt, un millier de soldats italiens prisonniers…

date	lieu	navire	nombre d'italiens
27.12.1918	CHERBOURG	2 vapeurs anglais depuis Rotterdam	459 + 851
12.01.1919	CHERBOURG	LUTECIA (France)	1700
15.01.1919	CHERBOURG	PLACIDE (Royaume-Uni)	2000 (Italiens, Serbes, Portugais et Français)
16.01.1919	CHERBOURG	REX-ITALIA (Italie)	1700
17.01.1919	CHERBOURG	AIGRETTE (Brésil)	400
18.01.1919	CHERBOURG	SCHARMHARMST (Allemagne)	680 (dont 3 officiers)

Que montre cette carte ?

Cette carte indique toutes les localités (connues de nous) où des prisonniers italiens furent retenus par les Allemands, c’est-à-dire cantonnés dans un lieu servant de camp pour prisonniers de guerre. Les caractéristiques de chacun de ces camps sont détaillées dans leur fiche respective (qui apparaît en cliquant sur le point correspondant) et sont reprises de manière synthétique dans la « liste complète » accessible en haut de la carte.

Pour rappel, les prisonniers italiens étaient regroupés en formations appelées compagnies ou commandos, formant des bataillons.

Le premier contingent de prisonniers italiens arrivé sur le front ouest relevait de l’autorité de l’armée allemande et était organisé de la manière suivante : 22 compagnies de travail pour prisonniers de guerre italiens (Italiener Kriegsgefangenen-Arbeits-Kommandos) composées de 500 hommes chacune, pour un total s’élevant donc à 11 000 hommes. Ces compagnies (numérotées en chiffres romains, de I à XXII) étaient regroupées en bataillons, eux-mêmes attachés à un corps d’armée allemand. Leur déploiement sur le front occidental fut opéré entre décembre 1917 et mars 1918. Toutes les compagnies sont encadrées par des Landsturm-Bewachungs-Kompagnien et relèvent de l’autorité d’une Gefangenen-Inspektion, elle-même incluse dans une Etappen-Inspektion. Ces formations ont été instituées par la circulaire n°233 édictée le 12 novembre 1917 par le Ministère allemand de la guerre.

Le second contingent de prisonniers italiens envoyé sur le front ouest relevait de l’autorité de l’armée austro-hongroise et était organisé de la manière suivante : 70 compagnies de travail pour prisonniers de guerre italiens (Italiener Kriegsgefangenen-Arbeits-Kompanien, en abrégé KuK KgfArbKp) composées de 200 hommes chacune, pour un total s’élevant donc à 14 000 hommes. Elles portaient un numéro en chiffres arabes : par exemple, la Kriegsgefangenen-Arbeits-Kompanie 1391 dont plusieurs hommes sont enterrés à Virton (Belgique). Les prisonniers provenaient de camps de détention situés en Autriche-Hongrie et étaient encadrés par des soldats autrichiens ou hongrois. Ces compagnies furent déployées sur le front occidental entre le 12 et le 23 mars 1918 et relevaient toutes de l’autorité de la Kriegsgefangenenstation C installée à Neuville-sous-Huy au bord de la Meuse (Belgique).

Chaque prisonnier recevait un matricule personnel : un chiffre précédé de la mention « KAK » (Kriegsgefangenen-Arbeits-Kommandos) ou « AK » (Arbeits-Kommando). Ce matricule était porté sur la veste, sur la manche et sur le képi.

Au total, 25 000 prisonniers italiens furent envoyés sur le front occidental entre décembre 1917 et mars 1918. Plus de deux mille d’entre eux reposent encore aujourd’hui dans des cimetières militaires belges ou français.

Les noms de lieux en France

Graphie française	Graphie allemande (1918)
Graphie française	Graphie allemande (1918)	Audun-le-Tiche	Deutschoth, Deutsch-Oth
Châtenois	Kestenholz
Graffenstaden	Grafenstaden, Illkirch-Grafenstaden, Illkirch-Graffenstaden
Montigny-lès-Metz	Monteningen
Morhange	Morchingen
Moyeuvre-Grande	Grossmoyeuvre, Grossmövern
Obernai	Oberehnheim
Steinbrunn-le-Haut	Obersteinbrunn
Strasbourg	Strassburg (Strasburgo en italien)
Sundhoffen	Sundhofen
Thionville	Diedenhoffen

Les noms de lieux en Belgique

L’écriture des noms des localités peut varier selon la langue et la période de rédaction des documents consultés. Le tableau ci-dessous contient la liste des localités belges pour lesquelles il existe plusieurs graphies.

Graphie française actuelle	Graphie néerlandaise actuelle	Autres graphies (en 1918)	Traduction italienne
Graphie française actuelle	Graphie néerlandaise actuelle	Autres graphies (en 1918)	Traduction italienne	Alost	Aalst	-	-
Anvers	Antwerpen	-	Anversa
-	Ardooie	Ardoye	-
Baelen	-	Baelen-lez-Limbourg	-
-	Balegem	Baelegem	-
Bas-Warneton	Neerwaasten	Warneton, Waasten	-
-	Bekegem	Bekeghem	-
-	Bertem	Berthem	-
-	Bevere	Bevere-bij-Oudenaarde, Bevere-lez-Audenarde, Audenarde-Bevere	-
-	Beveren-bij-Roeselare	Beveren-lez-Roulers	-
Bruges	Brugge	Brügge	Bruggia
Bruxelles	Brussel	Brüssel	Bruselle
-	Denderhoutem	Denderhautem	-
Courtrai	Kortrijk	Kortryk	-
-	Dadizele	Dadizeele	-
-	Deinze	Deynze	-
-	Eke	Eecke	-
Enghien	Edingen	-	-
Flandre occidentale	West-Vlaanderen	Westflandern	Fiandre Occidentali
Flandre orientale	Oost-Vlaanderen	Ostflandern	Fiandre Orientali
Gand	Gent	-	-
-	Gistel	Ghistelles	-
Grammont	Geraardsbergen	-	-
Hainaut	Henegouwen	Hennegau	-
Hal	Halle	-	-
-	Harelbeke	Harlebeke	-
Huy	Hoei	-	-
-	Izegem	Iseghem	-
La Hulpe	Ter Hulpen	-	-
Landen	Landen	Landen-en-Hesbaye	-
-	Lennik	Lennick-St. Martin, Lennick-St. Quentin, St. Martens-Lennick, St. Kwintens-Lennick	-
Leuze-en-Hainaut	-	Leuze	-
Liège	Luik	Lüttich	Liegi
-	Loppem	Lophem, Lophem-lez-Bruges	-
Luxembourg	Luxemburg	Luxemburg	Lussemburgo
Nivelles	Nijvel	-	-
-	Marke	Marcke, Marcke-lez-Courtrai, Marcke-sur-Lys, Marche-sur-Lys	-
-	Merelbeke	Meirelbeke	-
Mons	Bergen	-	-
-	Muizen	Muisen, Muyzen, Muysen-bij-Mechelen, Muysen-lez-Malines	-
Namur	Namen	-	-
Neuville-sous-Huy	-	Neuville-lez-Huy	-
Olloy-sur-Viroin	-	Olloy	-
-	Oostkamp	Oostcamp	-
-	Oostrozebeke	Oostroosebeke, Oostroosbeke	-
-	Opwijk	Opwijck	-
-	Passendale	Passchendaele	-
-	Petegem	Petegem-aan-de-Leie, Peteghem, Peteghem-Deynze	-
-	Ploegsteert	-	-
Rienne	-	Riennes	-
Roulers	Roeselare	Rousselare	-
-	Rollegem	Rolleghem	-
Signeux	-	Signeulx	-
Termonde	Dendermonde	-	-
-	Torhout	Thourout, Thouront (Pavan)	-
-	Tielt	Thielt	-
Tournai	Doornik	-	-
Vilvorde	Vilvoorde	-	-
Wavre	Waver	-	-
-	Wervik	Wervicq	-
-	Wijnendaele	Wynendaele	-

Date	Localités	CP	Pays
01-09-2018	ETROEUNGT	59219	F
02-09-2018	FONTENELLE-EN-THIERACHE	2170	F
29-09-2018	IZEGEM	8870	B
01-10-2018	MEULEBEKE	8760	B
04-10-2018	EKE (EECKE) (NAZARETH)	9810	B
07-10-2018	LE THOUR	8190	F
13-10-2018	LA MALMAISON	2190	F
15-10-2018	LIESSE-NOTRE-DAME	2350	F
17-10-2018	BALEGEM	9860	B
17-10-2018	BEVERE (OUDENAARDE)	9700	B
17-10-2018	FLIZE	8160	F
21-10-2018	DENDERHOUTEM	9450	B
21-10-2018	WORTEGEM (PETEGEM)	9790	B
22-10-2018	MAUBEUGE	59600	F
27-10-2018	GENT	9000	B
27-10-2018	LADEUZE	7950	B
27-10-2018	NIVELLES	1400	B
27-10-2018	QUENAST	1430	B
28-10-2018	LENNIK	1750	B
28-10-2018	VIREUX	8320	F
04-11-2018	JUMET	6040	B
06-11-2018	GOZEE	6534	B
09-11-2018	ANTWERPEN	2000	B
09-11-2018	CORBION	6838	B
09-11-2018	SAINT-MEDARD (HERBEUMONT)	6887	B
10-11-2018	MECHELEN (MALINES)	2800	B
10-11-2018	RIENNE	5575	B
10-11-2018	SPY	5190	B
11-11-2018	ANDENNE	5300	B
11-11-2018	BAMBOIS (FOSSES-LA-VILLE)	5070	B
11-11-2018	HARTMANNWILLERSKOPF (WATTWILLER)	68700	F
11-11-2018	HEVILLERS (MONT-SAINT-GUIBERT)	1435	B
11-11-2018	LIEGE	4000	B
11-11-2018	VIRTON	6760	B
12-11-2018	BERTEM	3060	B
12-11-2018	ENGHIEN	7850	B
13-11-2018	ARRACOURT	54370	F
13-11-2018	BRUXELLES	1000	B
14-11-2018	OPWIJK	1745	B
14-11-2018	COL DE LA SCHLUCHT	88230	F
15-11-2018	BERINGEN	3580	B
18-11-2018	MORHANGE	57340	F
23-11-2018	WULVERINGHEM	8630	B
24-11-2018	GEMBLOUX	5030	B
25-11-2018	DUNKERQUE	59140	F
03-12-2018	MUTZIG	67000	F
03-12-2018	MONTBELIARD	25200	F
27-12-2018	CHERBOURG	50100	F

Localités	Pays	CP	Nombre de prisonniers (estimation)	Type de logement	Date d'arrivée	Signalement intermédiaire	Date de départ	Nombre de décès (inhumations dans la localité)
AARTRIJKE	B	8211	200	Baraques			04-1918	5
ACOZ	B	6280	40	Entrepôts	02-1918		05-1918	6
ANDENNE	B	5300	80	Entrepôts	02-1918		11-1918	1
ANTWERPEN (ANVERS)	B	2000	quelques centaines	Caserne	01-1918		11-1918	42
ARDOOIE (ARDOYE)	B	8850	?	?	01-1918		?	4
BAMBOIS (FOSSES-LA-VILLE)	B	5070	?	Eglise	?		11-1918	2
BEKEGEM	B	8480	100	Baraques	12-1917		?	0
BRUGGE (BRUGES)	B	8000	?	?	02-1918		?	3
BRUXELLES (BRUSSEL)	B	1000	?	?	03-1918		12-1918	11
DENDERHOUTEM	B	9450	250	Ecole	10-1918		11-1918	0
HALANZY	B	6792	111	Baraques	?	08-1918	11-1918	17
HERTOGENWALD (BAELEN)	B	4837	?	Baraques	01-1918		10-1918	4
IZEGEM	B	8870	800	Château	12-1917		09-1918	18
JABBEKE	B	8490	250	Baraques	01-1918		05-1918	0
KORTRIJK (COURTRAI)	B	8500	500	Couvent	01-1918		11-1918	8
LANDEN	B	3400	26	?	?	09-1918	?	0
LIBRAMONT	B	6800	400	Baraques	03-1918		11-1918	0
LIEGE (LUIK)	B	4000	700	Forteresse	01-1918		11-1918	185
LOPPEM - ZEDELGEM	B	8210	?	Baraques	03-1918		?	0
MARKE	B	8510	500	Baraques	01-1918		09-1918	1
MOCHAMPS (TENNEVILLE)	B	6970	150	Baraques	?	07-1918	?	1
MONS	B	7000	?	?	12-1917		10-1918	12
MUSSON	B	6750	60	Ecole	?	08-1918	?	0
MUIZEN	B	2812	165	?	12-1917		?	0
NEUVILLE-SOUS-HUY (HUY)	B	4500	Plusieurs centaines	Château	03-1918		?	1
OLLOY-SUR-VIROIN	B	5670	200	Maisons	02-1918		?	1
OOSTKAMP	B	8020	100-200	Baraques	03-1918		04-1918	0
PETEGEM-AAN-DE-LEIE	B	9800	?	Entrepôts	01-1918		10-1918	6
QUENAST	B	1430	250	Entrepôts	01-1918		10-1918	0
ROLLEGEM	B	8510	400	?	07-1918		08-1918	0
STADEN	B	8840	?	?	?	Non daté	?	0
TIELT	B	8700	300	Couvent	01-1918		?	1
VIRTON	B	6760	100	Château	03-1918	/	11-1918	30
ATTIGNY	F	8130	?	Baraques	?	10-1918	?	?
AUDUN-LE-TICHE (DEUTSCH-OTH)	F	57390	?	?	02-1918		?	2
AVESNES-SUR-HELPE	F	59440	?	Maisons	?	04-1918	?	?
BENNWHIR	F	68630	?	?	01-1918		?	?
CAMBRAI	F	59400	?	?	12-1917	08-1918	?	8
CROIX (ROUBAIX)	F	29170	300	Entrepôts	02-1918		?	0
DOUAI	F	59500	2000	?	12-1917		?	?
ELAN (FLIZE)	F	8160	?	?	?		?	?
ETREUX	F	2510	?	?	?	06-1918	?	?
ETROEUNGT	F	59219	100 environ	?	08-1918		09-1918	?
FLIZE	F	8160	?	Baraques	?	10-1918	?	?
FORÊT DE MORMAL	F	/	400+	Baraques	02-1918		?	8+
FRAILLICOURT	F	8220	?	?	?		?	?
FRESNOY-LE-GRAND	F	2230	?	?	02-1918		09-1918	?
GRAFFENSTADEN	F	67400	150	?	12-1917		11-1918	0
HALLUIN	F	59250	?	entrepôts	?		?	0
HIRSON	F	2500	150 / 500 à 600	Baraques	01-1918		?	?
JOEUF	F	54240	150	Bureaux	?	05-1918	11-1918	4
LA BESACE - LE CHESNE	F	8450	?	?	?		11-1918	?
LAON	F	2000	800	Forteresse	01-1918		?	?
MAUBEUGE	F	59600	?	?	01-1918		05-1918	15
METZ	F	5700	2	?	?	07-1918	?	?
MONCEAU-LE-NEUF-ET-FAUCOUZY	F	59530	?	Entrepôts	01-1918		?	?
MONTIGNY-LES-METZ (MONTENINGEN)	F	57950	400	?	?		?	55
MOUSSEY	F	88210	?	Baraques	?		?	?
MUESPACH	F	68640	?	?	12-1917		?	?
NEUVILLE-EN-FERRAIN	F	59960	?	Entrepôts	?	02-1918	?	0
NOYELLES SUR ESCAUT	F	59159	200	Entrepôts	12-1917		09-1918	8
OBERNAI	F	67210	40	Maisons	01-1918	07-1918	?	?
PECHELBRONN (MERKWILLER)	F	67250	22	?	12-1917		?	0
RETHEL	F	8300	?	Baraques	12-1917		11-1918	71
RUMIGNY	F	8290	?	?	?		?	?
SAINT-FERGEUX	F	8360	?	?	?		?	?
SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI	F	59292	?	Entrepôts	02-1918		?	?
SEDAN	F	8200	50	?	01-1918		05-1918	?
STEINBRUNN-LE-HAUT (OBERSTEINBRUNN)	F	68440	?	Baraques	?		?	?
SUNDHOFFEN	F	68280	?	Auberges	12-1917		?	?
THIAUCOURT	F	54470	?	?	?	07-1918	?	?
THIONVILLE (DIDENHOFEN)	F	57100	?	?	?	06-1918	12-1918	5
TRELON	F	59132	?	Entrepôts	01-1918		10-1918	?
TROIS-EPIS (TURCKHEIM)	F	68230	200	Villa	Fin 1917		Pâques 1917	0
VALENCIENNES	F	59300	?	?	?	05+08-1918	?	7
VIGNEULLES	F	54360	200	?	?	?	09-1918	?
BERCHEM	GDL	3321	140 à 180	?	04-1918		?	?

Le village alsacien de Steinbrunn-le-Haut (en allemand Obsersteinbrunn) est situé à une dizaine de kilomètres au sud de Mulhouse.

Des prisonniers italiens y sont envoyés en janvier 1918, et amenés dans un camp déjà occupé depuis une année par des prisonniers roumains. Les baraquements se trouvent à environ 1 kilomètre après la sortie sud-est du village, dans le prolongement de l’actuelle rue du Château, dans le bois qui sépare Steinbrunn de sa commune voisine, Rantzwiller.

Les détenus doivent construire des abris et des casemates en arrière de la ligne de front située à 10 kilomètres, effectuer l’entretien de la voie ferrée étroite qui traverse le village ou travailler dans une carrière de pierre toute proche, située dans la direction de Flaxlanden (Flachslanden à l’époque), au nord.
Le camp aurait été placé sous l’autorité de l’adjudant Kostorz, et le prisonnier Fontaldi aurait servi d’interprète.

Le camp fut décimé par la sous-alimentation et la maladie, même si les prisonniers avaient eux-mêmes aménagé un jardin potager dans le camp.

Selon un témoin oculaire, les corps des prisonniers, nombreux à périr du froid durant les nuits de l’hiver 1918, étaient rassemblés dans une des baraques du camp. Ils étaient ensuite chargés sur une cariole, genre tombereau, tirée par deux chevaux, puis jetés dans une fosse commune, plus loin sur le flanc de la colline, au lieu-dit « Rossberg ».

Le chiffre de 120 décès est avancé, mais sans doute couvre-t-il également les prisonniers roumains, probablement plus de la moitié des victimes.

Des prisonniers italiens furent gardés dans ce camp jusqu’à l’armistice, jour où ils furent libérés. La veille, Foncardi l’interprète et son camarade Gildo, originaire de Florence, s’étaient discrètement échappés du camp et dissimulés dans une grange, pour ensuite rejoindre leur patrie.

Un monument fut érigé dès le mois de novembre 1918, en mémoire des Italiens décédés à Steinbrunn-le-Haut.

Chose rare, c’est dans les cahiers rédigés par un jeune garçon, Yves Congar, que se trouvent les observations les plus intéressantes concernant la présence de prisonniers italiens à Sedan. Nous connaissons deux autres témoignages à leur sujet signés eux aussi par des adolescents, mais en d’autres lieux : celui de Gérard Lepoutre (âgé de 10 ans en 1918) à Neuville-en-Ferrain et celui de Gaston Lefèbvre, 17 ans, à Quenast.

Né à Sedan le 13 avril 1904, le petit Yves Congar a entrepris la rédaction d’un journal personnel depuis la fin du mois de juillet 1914, dans lequel il consigne ses observations, ses pensées et ses dessins, en lien avec la vie dans la cité ardennaise bordant la Meuse, occupée par les troupes allemandes depuis le 25 août 1914. Ce jeune enfant qui rédige ses cahiers en secret sera appelé à un destin prestigieux : après des études de théologie, il sera ordonné prêtre en 1930 et rédigera plusieurs ouvrages appelant à réformer les pratiques et les dogmes de l’église catholique, notamment concernant le rôle des prêtres ouvriers et des laïcs. D’abord mis à l’index par la curie romaine, il sera ensuite réhabilité par le pape Jean XXIII et participera activement aux travaux du Concile Vatican II (1962-1965). En 1994, un an avant son décès, il est nommé cardinal.

Yves Congar a 13 ans lorsqu’il aperçoit pour la première fois des prisonniers italiens dans sa ville, en janvier 1918. « Les grands ont vu 50 prisonniers italiens, petits, maigres, bruns et jaunes, mal nourris, et traités honteusement », écrit-il le 7 janvier dans son carnet.

Le 24 janvier, il livre cette fois ce qu’il a vu de ses propres yeux :

« Plus de pluie, la Meuse baisse subitement. Les prisonniers italiens travaillent à la boue sur l’avenue Pasteur ; il me serait, non seulement difficile, mais surtout pénible de vous en donner un tableau, leurs uniformes sont en loques, non seulement à cause des batailles, mais par les pièces qu’ils en enlèvent afin de les échanger contre du pain, ils sont maigres, jaunes, leur figure, fatiguée, jaune, brune même est décharnée, les joues creuses, les lêvres blanches, les yeux noirs et langissants, la peau ridée, ils nous regardent et murmurent « brot, tsigaret », leurs mains tremblent, elles sont maigres et plissées, ils vous montrent leurs insignes, leurs molletières et vous les offrent contre du pain ! pauvres gens, il faut les voir pour croire qu’à un siècle civilisé, au milieu de gens qui se disent civilisés, la misère puisse atteindre ce point ! »

Henry Rouy, un honorable Sedanais âgé de 68 ans en 1918, membre correspondant de l’Académie Nationale de Reims, partage la même impression que le petit Yves au sujet des prisonniers italiens récemment arrivés à Sedan :

« Le dimanche 17 [janvier 1918], tous les ouvriers de métiers et les femmes sont réquisitionnés, comme il advient trop souvent : véritable esclavage et violation d’un grand précepte du Décalogue par un gouvernement dont le chef invoque si fréquemment le nom de Dieu !… On est obligé de travailler le dimanche, dans plusieurs ateliers, en ville, et d’aller couper des arbres dans les bois ; les femmes elles-mêmes sont astreintes au labeur particulièrement fatigant et mauvais pour elles du recépage, ou non exemptées de se rendre, sous la direction allemande, dans les ouvroirs… Et pendant ce temps, passent toujours ces pitoyables convois d’émigrés et de prisonniers – des Italiens, pâles, défaits comme les Roumains que nous voyons depuis janvier 1917, manifestement, hélas ! trop peu nourris !… »

Le petit Yves s’indignera encore plusieurs fois du sort réservé aux Italiens. Le vendredi 8 février, il note : « Les prisonniers italiens travaillent toujours à la boue, je vous en ai fait une esquisse, ce n’est pas la peine de vous décrire un squelette ! C’est affreux, affreux ! » ; et le mardi suivant : « On a donné des cigarettes aux Italiens ! Pauvres gens, à défaut de pain, cela leur trompe la faim ».

« Tous les prisonniers de guerre russes, roumains ou italiens qu’on rencontre en ville, offrent le même aspect lamentable et miséreux », confirme Philippe Stefani, un autre habitant de Sedan, dans les « notes d’un occupé » qu’il publiera après la guerre. Il est interdit à la population de leur apporter de l’aide ou même de les saluer, comme le stipuleront plusieurs décrets des autorités allemandes. Les habitants braveront cependant ces interdits, et la Ville de Sedan se verra infliger en conséquence des amendes importantes.

Le dépit du jeune Yves ne cesse de croître au fil des jours qui passent. En date du 15 février, il écrit : « Les grands ont vu en ville une bande de prisonniers russes, roumains et italiens mourant de faim, exténués, indescriptibles ! c’est triste d’être là impuissants devant une telle misère, de ne pas pouvoir porter secours à ces malheureux. »

Mais c’est le 9 mars 1918 que son témoignage est le plus poignant :

« C’est honteux de voir les Italiens, la faim les pousse, comprenez-vous tout ce que peut souffrir un homme auquel on refuse des aliments, il demande, n’obtient pas, il supplie, mais en vain, oh comprenez-vous ce qu’ils souffrent, ces prisonniers ! et nous sommes là, impuissants devant une telle misère ! Ces pauvres gens rongent à la gare les os pourris, verts et fétides, ils raclent des sceaux où il y avait eu de la marmelade ! c’est triste. »

Les nombreux prisonniers exploités à Sedan et dans ses environs immédiats sont logés dans le château fort, le plus étendu d’Europe, que les Allemands ont transformé en bagne pour les civils déportés comme otages ou condamnés aux travaux forcés. Les décès y seront particulièrement fréquents.

En date du 8 mai 1918, le jeune Yves note avec désespoir : « Allez au cimetière, dieu ! quelles enfilées de croix noires ! quelle hécatombe ! où sont les Roumains ? sous la terre ; les Russes ? sous la terre ; les Italiens ? y vont… »

Et Philippe Stéphani d’ajouter : « Les tombes de ces malheureux morts de faim se comptent par centaines au cimetière de Sedan ».

Sedan, la petite Venise, sera libérée le 14 novembre 1918. Le nombre de prisonniers italiens qui y sont décédés n’a pas pu être établi avec exactitude.

« L’adjudant m’avait accordé trois jours : un pour l’aller, un pour le séjour à Metz et un pour le retour. Le premier jour à Metz, je dus accompagner mon soldat dans ses visites à la parenté. Partout, on fut cordialement accueillis. À midi, je devais déjeuner chez la sœur de mon camarade. Comme je savais qu’ils n’avaient pas assez à manger pour eux-mêmes, j’allai à la cantine près de la gare ; après avoir montré le bon de ravitaillement établi pour deux hommes, je reçus deux portions. On mangeait dans des baraques ; deux prisonniers italiens étaient chargés d’enlever les plats et de débarrasser les tables. Ils faisaient peine à voir. Je vis que celui qui emportait la vaisselle nettoyait chaque assiette avec ses doigts avant de les lécher. « Eh bien, pensai-je, ces pauvres gens travaillent dans une cantine et sont presque en train de mourir de faim. » Je leur fis signe de venir tous les deux et leur donnai une de mes portions qu’ils mangèrent avec avidité. Ils me firent beaucoup de geste, le regard plein de reconnaissance. »
Voilà ce que raconte Dominique Richert, un sous-officier allemand, dans ses mémoires rédigées après-guerre. Nous sommes au début du mois de juillet 1918. Ce vétéran d’à peine 25 ans (il a combattu en France, en Roumanie, en Russie) a été envoyé à Metz en compagnie d’un jeune soldat pour une mission de routine. Son récit se poursuit le jour suivant :

« Puis je retournai la cantine. Les deux prisonniers italiens me reconnurent et me firent un signe de tête amical. Je pris de nouveau deux portions. Comme ma grippe m’avait fait perdre l’appétit, je mangeai seulement une petite saucisse et donnai tout le reste aux deux Italiens qui eurent vite fait de tout dévorer. Je me rendis aux toilettes. Un autre prisonnier y entrait justement. Il se baissa aussitôt. Je fus très étonné de voir qu’il ramassait quelques mégots qui traînaient dans une rigole de l’urinoir, sans doute pour les sécher les fumer ensuite. Jusqu’où l’homme peut-il tomber ! Je lui tendis les quelques cigarettes que j’avais en poche. Il me remercia comme si je lui avais offert le plus beau cadeau du monde. »

Dominique Richert quitte Metz le lendemain, pour rejoindre sa compagnie stationnée dans le saillant de Saint-Mihiel, à Thiaucourt, où il croisera d’autres prisonniers italiens au travail.

Ironie de l’histoire : cette cantine de la gare où l’homme a croisé ces deux Italiens affamés portait le nom de « baraque des Italiens » (« Italienern Baracke des Hauptbahnhofs » en allemand). En effet, un bâtiment en bois fut construit quelques années avant la guerre par le consulat d’Italie en vue d’y héberger ses ressortissants à leur descente du train. Nombreux étaient les Italiens qui émigraient dans les régions de Metz et de Thionville, et la « baraque des Italiens » était leur premier point de contact avec leur pays de destination, la Lorraine allemande. Avec l’entrée en guerre, les autorités militaires vont construire d’autres baraquements au même endroit, abritant une cantine, un point de ravitaillement pour les troupes de passage en train et un poste de soins.

À Metz, la majorité des prisonniers italiens sont cependant ceux qui sont envoyés se faire soigner dans un hôpital de la ville. À cette époque, Metz compte une douzaine d’hôpitaux. Les prisonniers malades, voire mourants, y étaient évacués depuis les nombreux sites industriels de la région où ils étaient employés, tels Audun-le-Tiche, Basse-Yutz ou Moyeuvre-Grande. Des décès sont enregistrés, entre autres, à l’hôpital de forteresse n°1 ou au Petit Séminaire (Knabenseminar), situé à Montigny-lès-Metz.
Les prisonniers italiens qui décèderont à Metz seront enterrés au cimetière militaire de Chambière, où 89 croix entretiennent encore leur souvenir aujourd’hui.

En 1914, Joeuf est une cité industrielle bouillonnante, surmontée par ses hauts-fourneaux crachant leur fumée noire. Avec Homécourt, la commune voisine, elle forme un grand bourg sidérurgique enserré dans les méandres de l’Orne, au cœur de la Lorraine, le pays du fer. En aval, la frontière avec la Prusse et quelques kilomètres plus loin, la ville de Grossmövern (Moyeuvre-Grande, devenue allemande en 1871) avec ses usines et ses forges identiques.

Nous sommes sur les terres de la Maison de Wendel, cette dynastie industrielle qui possède de nombreuses mines et forges dans les vallées de ces deux affluents de la Moselle que sont l’Orne et la Fensch. À la veille de la Première Guerre mondiale, toutes ces usines sont en pleine prospérité. Près de dix milles émigrés italiens y travaillaient à cette époque (selon le recensement de 1913 effectué dans les communes d’Auboué, Joeuf et Homécourt).

Mais dès les premiers jours d’août 1914, Homécourt et Joeuf sont envahis par les troupes allemandes. S’ensuit un exode précipité et « lamentable » des Italiens, comme l’expriment les témoins français de l’époque. Beaucoup quitteront la région aux premiers jours du conflit, mais quelques-uns y resteront et continueront à travailler, comme ce fut le cas également à Audun-le-Tiche, entre autres. Dès juillet 1915, des prisonniers de guerre russes sont amenés dans les usines de la Société de Wendel pour pallier le manque de main d’œuvre. Leur nombre atteindra trois cents hommes en 1916. Mais en 1918, ce sont des prisonniers de guerre italiens qui sont amenés à Joeuf, comme le souligne l’historien René Sédillot :

« 1918. C’est la pire année, avant d’être la meilleure. Des prisonniers italiens viennent d’arriver dans les vallées de la Fensch et de l’Orne. Ils ne manquent pas de bonne volonté, mais l’hiver leur est fatal. Beaucoup succombent. Les épidémies sévissent : grippe espagnole, diphtérie, typhus. Les Russes vont en forêt ramasser les fênes des hêtres, suprême récompense de ceux qui ont un peu travaillé. Sur les autres pleuvent les coups. »

Les nouveaux venus sont employés au démontage et à la destruction des forges de Joeuf, que met en œuvre de manière systématique la Rohma (« Roshtoff und Maschinenverteilungstelle »), l’organisme chargé de transférer en Allemagne les machines, le matériel électrique et les ferrailles des usines françaises. Les hauts-fourneaux et leurs cowpers étaient restés inactifs depuis le début de la guerre. Les Allemands avaient transformé les lieux en une immense scierie, où étaient débités les arbres provenant de la forêt de Briey, largement rasée. À partir de mai 1918, cent cinquante prisonniers italiens sont affectés au démantèlement des forges de Joeuf. Ils sont logés dans les Grands Bureaux de l’usine, à quelques pas du chantier de démolition. Au même moment, d’autres compatriotes prisonniers démontent pareillement des usines à Micheville et Valenciennes, ou encore à Sclaigneaux, Halanzy et Acoz en Belgique. À la fin de la guerre, il n’en restera rien.

La présence de prisonniers italiens dans un camp situé non loin du village d’Attigny est connue grâce au témoignage de Georges Leroy, un instituteur français, caporal au 264e régiment d’infanterie. Le 29 septembre 1918, avec six autres soldats, il est capturé par les Allemands lors d’un combat violent à Suippes. Il est alors emmené vers l’arrière des lignes, avant d’être envoyé à Sedan, non loin de la frontière belge. Le 7 octobre, le groupe de prisonniers dont il fait partie est envoyé non pas en Allemagne, comme Georges Leroy se l’imaginait alors, mais vers le sud. Débarqué dans une gare par une nuit noire et pluvieuse, d’où il aperçoit les fusées du front et entend tonner le canon, le groupe rejoint péniblement un camp de prisonniers :

« Nous entrons en effet dans une place entourée de fils de fer barbelés et où nous distinguons des baraques. Nous reconnaissons l’installation habituelle des camps de prisonniers, installation si pauvre et si sévère qui me fait horreur. Quelle nuit terrible. Exténués, souffrant de la faim et de la soif, nous nous accroupissons l’un contre l’autre et ainsi nous passons une nuit de souffrance », raconte Georges Leroy dans le journal qui relate son expérience de la guerre.

Le lendemain, 8 octobre 1918, il découvre l’endroit où il est arrivé :

« Dès que le jour paraît, je veux me rendre compte de la vie du camp. Quelles misères. Des Russes, des Italiens dans leurs vêtements en loques et d’une saleté repoussante sont en train de faire cuire sur des feux de bois leur maigre déjeuner. Je frissonne d’horreur en pensant que moi aussi, je vais être obligé de vivre cette vie misérable et bestiale. La plupart sont joyeux cependant, depuis quelques jours, les Allemands les occupent à scier les arbres fruitiers de la région et cela est pour eux le signe d’une prochaine retraite et peut-être de la grande défaite ».

Le caporal Leroy ne restera pas au camp : le jour même, lui et ses compagnons doivent rejoindre Attigny, une localité située à trois heures de marche, sur la rive gauche de l’Aisne. Il sera ensuite transféré dans un autre camp, à Flize, situé à une trentaine de kilomètres plus au nord, où sont également détenus des prisonniers italiens.

Mons, chef-lieu de la province du Hainaut, compte 28 000 habitants en 1915, selon les statistiques administratives publiées par l’autorité occupante allemande. La ville est située à une vingtaine de kilomètres de la frontière française. Son nom est devenu célèbre dans l’histoire de la Grande Guerre : en effet, c’est dans ses rues qu’eurent lieu les premiers et les derniers combats entre troupes allemandes et britanniques, respectivement en août 1914 et en novembre 1918, la ville étant libérée dans la matinée du 11, quelques heures avant l’entrée en vigueur de l’armistice. À cette date, des soldats italiens y étaient retenus comme prisonniers.

Leur présence à Mons est attestée de deux manières : par le récit d’un témoin et par l’histoire du cimetière communal.

Le témoignage à notre disposition a été transmis par Georges Jouret dans son livre Histoire de l’Occupation allemande en Belgique, publié à Mons en 1927. Jouret (1871-1945) était professeur à la Faculté polytechnique de Mons, passionné par l’histoire de sa ville et de son pays, à laquelle il consacrera plusieurs ouvrages dans l’entre-deux-guerres. Une rue de Mons porte aujourd’hui son nom. Dans son histoire de l’occupation allemande en Belgique, Jouret consacre une section au sort des prisonniers alliés détenus à Mons. Il y relate le témoignage d’une certaine Mademoiselle Heupgen, qui a côtoyé de près les prisonniers alliés, y compris les Italiens. Cette Montoise avait obtenu un laisser-passer pour se rendre dans les bâtiments de l’École moyenne des filles et du couvent voisin, transformés en lazaret pour les prisonniers de guerre malades ou blessés. Ceux-ci se trouvaient à la jonction de la rue des Telliers et de la rue des Gades, à quelques pas de la Grand-Place, du Beffroi et de la collégiale Sainte-Waudru, hauts-lieux de la cité. Les fenêtres des deux immeubles avaient été tendues d’un treillis de fer barbelé, et il était interdit aux médecins belges d’y pénétrer. Mademoiselle Heupgen raconta à Georges Jouret l’état intérieur du lazaret :
« Les locaux – ceux de l’École moyenne surtout – étaient aussi mal appropriés que possible à leur destination de fortune. Seule, la salle d’opération, aménagée dans la chapelle du couvent, était pourvue d’un matériel chirurgical à peu près suffisant. Mais… Dans l’immeuble de la rue des Gades, la distribution d’eau était desservie par deux robinets seulement, placés l’un et l’autre au rez-de-chaussée. Les installations hygiéniques les plus élémentaires faisaient défaut : chaque matin, la vidange des déjections s’effectuait dans de grands baquets en tôle ondulée. Nulle part, un aérage rationnel n’avait pu être aménagé. En entrant dans les salles, me disait Mlle Heupgen, on était saisi à la gorge par une affreuse pestilence de gangrène ».

Bien que ce lazaret reçût principalement des soldats britanniques capturés lors de la grande offensive allemande lancée en mars 1918, il est fort probable que prisonniers italiens malades y furent également envoyés. En effet, une douzaine d’entre eux s’éteindront à Mons, sans doute dans ces locaux dantesques. Or, la même Mademoiselle Heupgen – qui devait vraisemblablement habiter à proximité des lieux –
« voyait passer chaque matin devant chez elle une pitoyable théorie de prisonniers italiens conduits par une chiourme autrichienne qui les fouaillait d’une sorte de knout à longue et terrible lanière. Elle a vu le dos d’un de ces malheureux : ce n’était plus qu’une plaie tuméfiée, sanglante », relate Georges Jouret dans son ouvrage. Si ce témoignage n’est ni localisé ni daté de manière précise, la mention d’une
« chiourme autrichienne » indique que les observations de Mademoiselle Heupgen seraient postérieures au mois de mars 1918, date à laquelle les compagnies de travail de prisonniers italiens envoyées par l’armée autrichienne arrivèrent en Belgique.

En outre, la crédibilité de ce témoignage peut difficilement être questionnée, dans la mesure où, comme l’écrit Jouret, Mademoiselle Heupgen est une « noble dame » dont le nom est bien connu à Mons. Il doit probablement s’agir d’Anne-Marie Heupgen (née à Mons en 1896), la fille de Georges Heupgen (1866-1938), avocat et homme politique montois, qui fut conseiller communal de Mons et député à la Chambre des Représentants à Bruxelles, et qui était conseiller provincial du Hainaut au moment de la guerre. Son oncle, Paul Heupgen (1868-1949), était également avocat mais aussi secrétaire général des Hospices Civils et enseignant à la Faculté polytechnique de Mons. Enfin, le frère d’Anne-Marie, Jacques, né en 1892, s’engage comme volontaire dans l’armée belge en 1915 et revient comme adjudant du 7e régiment d’artillerie en 1918, décoré de la médaille de Croix de feu. « Mademoiselle Heupgen », âgée de 22 ans en 1918, appartenait donc à une respectable famille montoise.

Le cimetière communal de Mons apporte lui aussi son témoignage précieux. Douze soldats italiens y furent enterrés, décédés au cours de leur captivité dans la région. Le premier décès est daté du 31 décembre 1917, le deuxième du 31 janvier 1918 et les deux suivants du mois de février. Mais les neuf autres décès sont survenus entre avril et octobre 1918 ; sans doute ces malheureux faisaient-ils partie des prisonniers aperçus par Mademoiselle Heupgen…

Les communes de Loppem (2100 habitants) et de Zedelgem (5400 habitants) se situent dans le triangle Ostende-Bruges-Torhout sous autorité de la 4e armée allemande, dans lequel on trouve plusieurs autres camps de prisonniers italiens (Aartrijke, Bekegem, Jabbeke, Oostkamp).

Leurs noms doivent être associés car des prisonniers italiens furent présents ici de décembre 1917 à 1918, travaillant à Loppem et logeant à Zedelgem. Ceux-ci furent aperçus pour la première fois à Loppem le 10 décembre 1917. Ils furent utilisés par les Allemands pour de la manutention dans le Pionerpark de Loppem, mais également, à partir de mars 1918, pour bâtir un bunker (qui existe toujours) dans le parc du château du baron Albert van Caloen, le bourgmestre de Loppem. Frappé par l’état pitoyable des Italiens, ce dernier leur fit transmettre de la nourriture par l’intermédiaire de ses enfants. Lorsque les Allemands découvrirent le stratagème, ils sévirent immédiatement. Le 18 mars 1918, le baron reçut un billet manuscrit de la part de la Kommandantur de Loppem, sur lequel était écrit ceci :

« Je condamne le bourgmestre de Lophem van Caloen à une amende de 100.- marks, parce que des membres de sa famille, malgré l’interdiction de communiquer avec des prisonniers de guerre, de leur écrire, de leur remettre des colis ou des lettres, etc., ont remis des vivres à des prisonniers de guerre italiens qui travaillaient dans le parc de son château.
Lophem 18 Mars 1918.
Le Ortskommandant, Rittmeister. »

Une autre famille noble de Loppem, les Coppieters, apporta également son aide aux prisonniers italiens. Quelques temps après leur arrivée, Mademoiselle Coppieters (il s’agit probablement de la prénommée Gabrielle) obtint l’autorisation de leur distribuer de la soupe. Mais elle lui fut rapidement retirée, sans autre forme de procès. Joseph Coppieters, alors avocat, consigna d’autres détails encore au sujet de la solidarité envers les prisonniers italiens travaillant à Loppem. Dans ses notes datées du 10 février 1918, on peut lire :

« Depuis quelques jours, des prisonniers de guerre italiens arrivent chez mon père. Pendant la pause de midi, ils viennent chez mes parents pour manger une assiette de soupe. Les malheureux doivent se faufiler dans les sous-bois pour ne pas être découverts par leurs gardes allemands qui les pourchassent sans cesse. S’ils sont pris, ils reçoivent une double volée de fouet. Cependant, leur misère est grande, ils ont très faim, prennent tout ce qui est comestible, betteraves, rutabagas, même les glands. Ils sont mal vêtus, beaucoup n’ont pas de pantalon, pas de chemise et pas de chaussures. Certains sont chaussés d’une semelle et d’un sabot. Chez mes parents, un atelier a été installé où ma sœur Gabrielle et les van Caloen ont produit avec diligence des pantalons, des chemises et des sabots à partir de toutes les chutes envoyées de Bruges et des environs. Ces choses sont ensuite remises aux prisonniers en secret. Toute la population s’efforce de les aider, malgré la rareté de la nourriture. Même les enfants qui reviennent de la soupe de l’école donnent leur pain. »

En revanche, le camp où logeaient les Italiens était situé quelques cinq kilomètres plus loin, à Zedelgem, à proximité de la gare, entre la ligne de chemin de fer et la Veldegemsestraat actuelle. Plusieurs baraquements avaient été installés à cet endroit, pour y loger les compagnies de prisonniers de guerre ainsi que les civils réquisitionnés, provenant des localités avoisinantes. Le camp des prisonniers de guerre comptait 8 baraques de grande taille et 7 de taille plus petite. Tous travaillaient dans les dépôts de munition et de matériel, que les Allemands avaient développé en grand nombre étant donné la proximité du front. Dans leur camp, les Italiens furent visités dès le début par le pasteur Ronse de la paroisse de Zedelgem et le père Derwort, aumônier de service.

À Zedelgem se trouvait également un lazaret, où étaient soignés tant des soldats allemands que des civils ou des prisonniers blessés par des explosions d’obus tirés depuis les lignes alliées. C’est là que le pasteur Frederik Ronse (1854-1934) prononça les derniers sacrements pour deux prisonniers italiens : le 14 janvier 1918 pour « Raymundus Mossani, né en Calabre », écrit-il dans son registre (il s’agit en réalité de Raimondo Monzani, né en 1883 près de Bergame) ; et le 28 mars, pour un autre dont il ne précise pas le nom (il pourrait s’agir de Vittorio Giusti, qui sera porté au cimetière militaire allemand de Wijnendaele, comme le fut Monzani).

Nous ne connaissons pas la date à laquelle les prisonniers italiens quittèrent le camp de Zedelgem.

Le village d’Etrœungt est situé dans la région de l’Avesnois, à proximité de Trélon, Avesnes-sur-Helpe, La Capelle, Hirson et de la frontière belge. La route nationale menant à Laon traverse la localité. Au mois de septembre 1918, les armées allemandes en retraite y font stationner une grande quantité de chevaux dont des prisonniers italiens doivent s’occuper. À la fin du mois, les Italiens quittent la localité en direction du nord. Deux femmes résidant dans le village ont laissé leur témoignage.

La première, Lucienne Courouble, s’y est mariée en 1911 et y vit avec ses deux jeunes enfants durant toute la guerre, alors que son mari Adolphe est sur le front. Voici ses notes du mois de septembre 1918 :

« Dimanche 1er septembre 1918. Canon. Arrive des chevaux à Tatimont, sont conduits par des prisonniers italiens. Ceux qui sont pris à leur donner à manger, cravache. Repasse convois.

Lundi 9 septembre 1918. Arrive de toutes les sortes, peu nombreux. Passe 677 chevaux conduits par des Italiens prisonniers. Canon. Arrive des gens de Cambrai. Tout Cambrai évacué, les Anglais à 8 kilomètres toujours.

Mardi 10 septembre 1918. Repasse des bateaux. Ensuite 200 prisonniers italiens et anglais repassent traînant des chariots à bras. Les chevaux de la garde repassent aussi. Le canon donne sans arrêt. Nous espérons cette fois. Pourvu qu’on ne nous évacue pas !

Samedi 28 septembre 1918. Canon toujours. Passe prisonniers français qui viennent remplacer les Italiens aux lazarets de chevaux. Défendu de leur parler et de leur donner à manger sous peine grave punition. »

Virginie Pottier réside également à Etroeungt, dans le hameau des Hayettes. Elle y a été évacuée en février 1917, forcée de quitter son village de Cattigny, dans l’Oise. Son père est cultivateur, son époux est maréchal-ferrant. En septembre 1918, elle a 38 ans, et tient un journal de guerre depuis le moment de son évacuation. Elle écrit :

« Dimanche 29 septembre. Nous en sommes toujours au même point. Hier, cette nuit et aujourd’hui toute la journée le canon gronde sans arrêt. C’est un vrai roulement. Nos fenêtres et portes résonnent. Les Italiens prisonniers qui soignaient les chevaux des lazaretts à Clouchy et Tatimont sont partis il y a deux jours et sont remplacés par des prisonniers français. Je ne crois pas qu’il y en ait de chez nous. »

La présence de prisonniers italiens dans un camp situé non loin du village d’Attigny est connue grâce au témoignage de Georges Leroy, un instituteur français, caporal au 264^e régiment d’infanterie. Le 29 septembre 1918, avec six autres soldats, il est capturé par les Allemands lors d’un combat violent à Suippes. Il est alors emmené vers l’arrière des lignes, avant d’être envoyé à Sedan, non loin de la frontière belge. Le 7 octobre, le groupe de prisonniers dont il fait partie est envoyé non pas en Allemagne, comme Georges Leroy se l’imaginait alors, mais vers le sud. Débarqué dans une gare par une nuit noire et pluvieuse, d’où il aperçoit les fusées du front et entend tonner le canon, le groupe rejoint péniblement un camp de prisonniers :

Le lendemain, 8 octobre 1918, il découvre l’endroit où il est arrivé :

Derrière la feuille cristal fripée par le temps, une page de garde, sobre et élégante, présente ce titre, calligraphié en lettres majuscules de style art nouveau : Album Souvenir du camp des soldats italiens prisonniers à Andenne 27 janvier – 29 novembre 1918. On y trouve aussi un blason, représentant un lion rugissant, surmonté d’une couronne : il s’agit des armoiries de la ville d’Andenne. Un dessin, tracé au fusain d’une main artiste, présente une vue de la localité, où se laissent voir la collégiale Sainte Begge et la colline du Calvaire.

Andenne, située en bord de Meuse à mi-chemin entre Namur et Liège, est une cité prospère, comme en témoignent ses nombreuses boutiques, ses riches demeures entourées de grands jardins et surtout les multiples carrières et usines exploitant les ressources du sous-sol. L’édition 1910 du guide Baedeker pour la Belgique précise : « Andenne, sur la rive droite de la Meuse, est une ville de 8000 habitants, qui a diverses fabriques, surtout de papier et de faïence. Il y a eu jusqu’en 1785 un couvent de filles nobles fondé, vers 650, par Ste Begge, mère de Pépin d’Héristal. L’église possède la châsse de Ste Begge, de la Renaissance, et une table de marbre miraculeuse de la sainte. Belle vue du Calvaire ».

En 1918, Andenne est située au cœur d’une Belgique occupée depuis quatre ans, soumise à l’autorité du Gouvernement Général Impérial installé à Bruxelles. Si les horreurs de la guerre semblent s’être définitivement éloignées de la région, la petite cité mosane va en connaître un aspect improbable.

Que faisait donc là un camp de prisonniers rempli de soldats italiens arrivés d’au-delà des Alpes ?

Mais en plein centre de la cité, une fosse commune rappelle le massacre qui se déroula ici en août 1914. On l’appelle ici le cimetière des fusillés. Les troupes allemandes qui arrivèrent à Andenne le 19 août trouvèrent le pont sur la Meuse détruit par l’armée belge. Le lendemain, alors que les premiers soldats prussiens s’engagent sur un ponton de bateaux, des coups de feu sont tirés depuis la rive opposée. La panique et la fureur s’emparent des Allemands, qui se vengent sur la population civile. Au total, plus de deux cents Andennais, dont le bourgmestre Jules Camus, furent passés par les armes en deux jours. Plus d’une centaine de personnes furent fusillées le long du quai Pastor, à proximité du pont détruit, et enterrées sur place.

Noms	Prénoms
Acciai	Marselio
Araldi	Giovanni
Bachiotti	Alfonso
Barbagli	Domenico
Barra	Giuseppe
Bonini	Antonio
Brugnoli	Giammaria
Brunetti	Luigi
Calderone	Bragio
Canal	Domenico
Chraputti	Pietro
Ciaravone	Emilio
Constantino	Diacomo
Contesi	Francesco
Corsaro	Domenico
Corucci	Auguste
Crosado	Giovanti
Dagrosa	Giovanni
Damonte	Lodovico
De Vico	Clémente
De Vincenzo	Francesco
Deglinorenti	Eligio
Delgenio	Julio
Di Martino	Gaetano
Dunetta	Vinantto
Filieri (Pilieri)	Antonio
Frascaia	Vito
Gagliano	Sebastiano
Gagliardi	Genuaro
Galliano	Giuseppe
Gazza	Antonio
Gerloni	Barnaba
Giorgio Di	Gabriel
Grachetto	Giovanni
Grassi	Giacomo
Grioli	Constantino
Grosso	Michele
Gunilo (Gernilo)	Bonifacio
Immordino	Pio
Landuzzi	Constantino
Lardoni (Sardoni)	Carmelo
Lavaccaro	Francesco
Leoncci	Angelo
Lombardi	Antonio
Maniello	Giovanni
Marianni	Angelo
Marzani	Virgilio
Mauro	Giovanni
Mauro	Matteo
Mazzola	Salvator
Mercurio	Michéle
Milani	Battista
Mingazzi	Eugenio
Moltini	Rodolf
Neviani	Ottello
Padone	Angelo
Paiani	Vittorio
Paie	Attilia
Perotta (Ferotta)	Giuseppe
Petrusi	Mario
Pianti	Marius
Porchiarotti	Roberto
Porelli (Poselli)	Natal
Poriani	Francesco
Porterela (Forterela)	Giovanni
Pozzoli	Gaglielino
Prano	Antonio
Preseo	Pasquale
Riccardi	Carlo
Rochigiani	Giovanni
Romancini	Vittorio
Ruggierri	Clebo
Russo	Carlo
Sarentino	Sabato
Sartoni	Giuseppe
Sernani	Antonio
Vespa	Pasquale
Virolini	Preredo (Freredo)

Frontières nationales (situation en 1918)

Ligne de front (situation au 21 mars 1918)

Limites d’armées allemandes

Villes situées en territoire non conquis par les Allemands

Frontières nationales (situation en 1918)

Ligne de front (situation au 21 mars 1918)

Limites d’armées allemandes

Villes situées en territoire non conquis par les Allemands

Frontières nationales (situation en 1918)

Ligne de front (situation au 21 mars 1918)

Limites d’armées allemandes

Villes situées en territoire non conquis par les Allemands

Cette section n'est visible que sur desktop

Que montre cette carte ?

Les noms de lieux en France

Que montre cette carte ?

Que montre cette carte ?

Les noms de lieux en France

Les noms de lieux en Belgique

Frontières nationales (situation en 1918)

Ligne de front (situation au 21 mars 1918)

Limites d’armées allemandes

Villes situées en territoire non conquis par les Allemands

Frontières nationales (situation en 1918)

Ligne de front (situation au 21 mars 1918)

Limites d’armées allemandes

Villes situées en territoire non conquis par les Allemands

Frontières nationales (situation en 1918)

Ligne de front (situation au 21 mars 1918)

Limites d’armées allemandes

Villes situées en territoire non conquis par les Allemands

Cette section n'est visible que sur desktop

OLLOY-SUR-VIROIN

Province de Namur, Belgique

MOCHAMPS (TENNEVILLE)

Province de Luxembourg, Belgique

NAMUR

Province de Namur, Belgique

LIEGE

Province de Liège, Belgique

LANGEMARK

Province de Flandre occidentale, Belgique

HOUTHULST

Province de Flandre occidentale, Belgique

BRUXELLES

Belgique

ANTWERPEN (Anvers)

Province d’Anvers, Belgique

STEINBRUNN-LE-HAUT

Département du Haut-Rhin, France

SEDAN

Département des Ardennes, France

LONGWY

Département de Meurthe-et-Moselle, France

ANDERNY

Département de Meurthe-et-Moselle, France

TROIS-EPIS (TURCKHEIM)

Département du Haut-Rhin, France

BENNWHIR

Département du Haut-Rhin, France

SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI

Département du Nord, France

FORÊT DE MORMAL

Département du Nord, France

MONCEAU-LE-NEUF-ET-FAUCOUZY

Département de l’Aisne, France

Que montre cette carte ?

Les noms de lieux en France

VALFF (Walf)

Département du Bas-Rhin, France

TOURCOING

Département du Nord, France

RETSCHWILLER (Retschweiler)

Département du Bas-Rhin, France

OBERLAUTERBACH

Département du Bas-Rhin, France

LA BROQUE (Vorbrück)

Département du Bas-Rhin, France

HAUTMONT

Département du Nord, France

DOUAI

Département du Nord, France

CHATENOIS (Kestenholz)

Département du Bas-Rhin, France

BARR

Département du Bas-Rhin, France

AUDUN-LE-TICHE (Deutsch-Oth)

Département de la Moselle, France

WIJNENDAELE (Wynendaele)

Province de Flandre occidentale, Belgique

VIRTON

Province de Luxembourg, Belgique

VERVIERS

Province de Liège, Belgique

NIVELLES

Province du Brabant Wallon, Belgique

MEMBACH (Croix aux Alliés)

Province de Liège, Belgique

MARKE (Marcke)