La chronologie des événements

L’Europe en guerre

Les déclarations de guerre s’enchaînent en quelques jours : après celle de l’Autriche-Hongrie à la Serbie le 28 juillet, viennent celles de l’Allemagne à la Russie le 1er août, à la France le 3, puis celles de l’Angleterre à l’Allemagne le 4, de l’Autriche-Hongrie à la Russie le 6 et, le même jour, de la Serbie à l’Allemagne et du Monténégro à l’Autriche-Hongrie. Enfin, le 11 et le 12, la France et le Royaume-Uni déclarent à leur tour la guerre à l’Autriche-Hongrie. L’Europe s’embrase.

Août 1914
2 août 1914

Le royaume d’Italie, bien que lié à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie par le traité de la Triplice, déclare la neutralité de son pays. Le même jour, le gouvernement italien rappelle les classes 1889, 1890 et 1891, tout en maintenant sous les drapeaux la classe 1892, alors en période de service. De nombreux Italiens, émigrés en Allemagne, en France ou sur le continent américain, prennent le chemin du retour vers leur pays natal.

Les troupes allemandes pénètrent en Belgique, malgré sa neutralité.

4 août 1914
Décembre 1914

Après la bataille de la Marne, la fin de la course à la mer et l’épuisement réciproque dans la « mêlée des Flandres », le front se stabilise sur une longueur de près de 800 km, de la mer du nord à la frontière suisse. La quasi-totalité du territoire belge et huit départements français du Nord et de l’Est connaissent l’occupation allemande, qui durera jusqu’en novembre 1918.

 

Depuis le début de la guerre, les soldats capturés par les Allemands sont éloignés des zones de combat et envoyés dans des camps situés en Allemagne, conformément à l’esprit du Règlement concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre annexé à la Convention de La Haye du 29 juillet 1899.

Extraits du Règlement concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre annexé à la Convention de La Haye du 29 juillet 1899 :
Article 4. Les prisonniers de guerre sont au pouvoir du Gouvernement ennemi, mais non des individus ou des corps qui les ont capturés. Ils doivent être traités avec humanité. Tout ce qui leur appartient personnellement, excepté les armes, les chevaux et les papiers militaires, reste leur propriété.
Article 5. Les prisonniers de guerre peuvent être assujettis à l'internement dans une ville, forteresse, camp ou localité quelconque, avec obligation de ne pas s'en éloigner au-delà de certaines limites déterminées ; mais ils ne peuvent être enfermés que par mesure de sûreté indispensable.
Article 6. L’État peut employer, comme travailleurs, les prisonniers de guerre, selon leur grade et leurs aptitudes. Ces travaux ne seront pas excessifs et n’auront aucun rapport avec les opérations de la guerre.
Article 7. Le Gouvernement au pouvoir duquel se trouvent les prisonniers de guerre est chargé de leur entretien. A défaut d'une entente spéciale entre les belligérants, les prisonniers de guerre seront traités, pour la nourriture, le couchage et l'habillement, sur le même pied que les troupes du Gouvernement qui les aura capturés.

1915

Au terme d’un mois de mai que les partisans de l’intervention italienne vont qualifier de « radieux », l’Italie sort de sa neutralité et se range aux côtés des pays de l’Entente (France, Grande-Bretagne et Russie). Elle déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie, et proclame la mobilisation générale. À l’aube du 24 mai, les premières troupes italiennes franchissent la frontière austro-hongroise en différents secteurs. Le front se stabilise rapidement, les avancées italiennes en territoire ennemi restant de portée limitée.

« L’Alleanza » par Frédéric Soulacroix (peintre français, né à Rome en 1858, résidant à Florence) │ carte postale italienne célébrant l’entrée en guerre de l’Italie le 24 mai 1915, circulée le 27.11.1916 │ col. pdgit1918
« L’Alleanza » par Frédéric Soulacroix (peintre français, né à Rome en 1858, résidant à Florence) │ carte postale italienne célébrant l’entrée en guerre de l’Italie le 24 mai 1915, circulée le 27.11.1916 │ col. pdgit1918
« Unies pour le triomphe de la civilisation » : Russie, Belgique, Italie, France et Angleterre │ carte postale française célébrant l’entrée en guerre de l’Italie, circulée le 19.10.1915 │ col. pdgit1918
« Unies pour le triomphe de la civilisation » : Russie, Belgique, Italie, France et Angleterre │ carte postale française célébrant l’entrée en guerre de l’Italie, circulée le 19.10.1915 │ col. pdgit1918
23 mai 1915
22 septembre 1915

Pour la première fois depuis le début du conflit, l’état-major allemand annonce la création de bataillons de travail pour prisonniers de guerre (Kriegsgefangenen-Arbeit-Bataillone). Composés chacun de 4 compagnies de 500 hommes, ils pourront être envoyés dans les zones d’opération et dans les zones des étapes, estimant qu’il s’agit d’une nécessité d’ordre militaire. Seuls les prisonniers de guerre russes sont concernés par cette mesure.

A Bruxelles, le Gouverneur allemand Von Bissing condamne cinq personnes à la peine de mort pour « trahison en bande organisée », parmi lesquelles Edith Cavell, infirmière britannique, et Philippe Banck, architecte belge. Leur activité consistait à organiser le passage illicite de soldats français et britanniques vers les Pays-Bas. La sentence est exécutée le jour-même. L’incident soulève une vague d’indignation dans tous les pays alliés.

12 octobre 1915

1916

Désormais, les compagnies de travail utilisées par les Allemands peuvent être composées de prisonniers anglais et français, en plus des Russes. Elles seront envoyées dans tous les territoires occupés par les Allemands.

Juin et juillet 1916
Août 1916

L’Allemagne détient 1,6 millions de prisonniers de guerre, dont 250.000 travaillent à proximité de la ligne de front.

L’Italie déclare la guerre à l’Allemagne, par suite de l’entrée en guerre de la Roumanie.
28 août 1916
20 décembre 1916

L’éditeur italien Bemporad de Florence sort de presse l’Almanacco italiano per l’Anno di Guerra 1917, qui contient un long article sur « les prisonniers de la grande guerre ». On y trouve une carte des camps de prisonniers situés en Autriche, et une autre des camps pour prisonniers autrichiens situés en Italie. L’article précise que « la majeure partie des prisonniers italiens capturés par les Autrichiens est cantonnée dans le camp de Mauthausen. D’autres ont également été envoyés dans les camps de Sigmundsherberg, d’Osfti-Asszonyfa près de Vas ; de Duna-Szerdahely près de Presbourg ; de Sormoja en Hongrie et de Ober-Gerspitg, près de Brunn, en Moravie ». Sur la base d’un rapport établi à la demande du Pape Benoît XV par le cardinal Scapinelli, les conditions de vie dans ces camps sont décrites comme acceptables : « nos prisonniers en Autriche sont, relativement, bien traités ».

1917

Entrée en guerre des États-Unis, aux côtés des pays de l’Entente.

6 avril 1917
Mai 1917

Par suite de l’émoi général causé par la création, au printemps 1917, de camps de représailles pour prisonniers de guerre (c’est-à-dire de camps à portée du feu ennemi), un accord est conclu entre la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne prévoyant l’interdiction d’utiliser des prisonniers de guerre à moins de 30 kilomètres du front. Les prisonniers russes et roumains ne sont pas concernés, et restent donc présents dans ce périmètre, côté allemand.

L'éboulement de Caporetto

Importante offensive de troupes allemandes et austro-hongroises sur le front italien, dans le secteur de Kobarid (Caporetto), dans les Alpes juliennes. Le front italien est percé.

« Je m’enquis de la brèche et il me répondit que, d’après l’état-major de la brigade, les Autrichiens auraient percé les troupes du 27e corps, près de Caporetto. Il y avait eu une grande bataille au nord toute la journée. – Si ces salauds les laissent passer, nous sommes fichus, dit-il. – Ce sont les Allemands qui attaquent, dit l’un des médecins. Le mot Allemands avait quelque chose d’effrayant. Nous ne voulions pas avoir affaire aux Allemands. – Il y a quinze divisions d’Allemands, dit le médecin. Ils ont passé et nous allons être cernés. » (Ernest HEMINGWAY, L’adieu aux armes, 1929, p.180)

 

La victorieuse offensive sur l’Isonzo. Dans un camion des Italiens blessés emmenés vers l’arrière . Le 24 octobre 1918, les troupes allemandes ont percé le front italien à hauteur de Caporetto. L’éboulement italien commence. │ Photographie de presse allemande, sur carte postale grand format, non circulée │ col. pdgit1918
La victorieuse offensive sur l’Isonzo. Dans un camion des Italiens blessés emmenés vers l’arrière . Le 24 octobre 1918, les troupes allemandes ont percé le front italien à hauteur de Caporetto. L’éboulement italien commence. │ Photographie de presse allemande, sur carte postale grand format, non circulée │ col. pdgit1918
24 octobre 1917
28 octobre 1917

Dans son communiqué, le général Cadorna, commandant suprême des armées italiennes, attribue la déroute de Caporetto aux soldats qui « se sont vilement retirer sans combattre, ou ignominieusement rendus à l’ennemi, permettant aux forces austro-germaniques de rompre notre aile gauche sur le front des alpes juliennes ». Par mesure de répression, le gouvernement italien interdira jusqu’au début de l’année 1918 l’envoi de paquets aux prisonniers italiens détenus en Allemagne, cette interdiction s’appliquant tant aux familles qu’à la Croix-Rouge elle-même.

L’Allemagne annonce avoir capturé 250 000 soldats italiens lors de son offensive qu’on nommait, du côté des vainqueurs, « der Wunder von Karfreit » (le miracle de Caporetto) ou « die Zwölfte Isonzoschlacht » (la douzième bataille de l’Isonzo).

8 novembre 1917
9 novembre 1917
A Berlin, au Reichstag, on annonce la signature d’une convention entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie prévoyant que la moitié des soldats italiens faits prisonniers lors de l’offensive victorieuse sera transférée en Allemagne. Cet accord permet au ministre de la Guerre de reporter la décision d’étendre le service auxiliaire national à de nouvelles catégories de citoyens allemands, notamment les femmes et les jeunes hommes de 15 à 17 ans. Cette information est transmise dans la presse allemande le 10 et dans la presse française le 12 novembre. Dans La Stampa du 13 novembre, la discussion survenue au Reichstag est relatée, mais l’accord sur les prisonniers italiens n’est pas signalé.
Trois manières de communiquer un même événement : l’annonce au Reichstag de la répartition des prisonniers de guerre italiens vue par la presse allemande (Norddeutsche allgemeine Zeitung, 10 novembre), française (L’Écho de Paris, 12 novembre) et italienne (La Stampa, 13 novembre) │ col. pdgit1918
Trois manières de communiquer un même événement : l’annonce au Reichstag de la répartition des prisonniers de guerre italiens vue par la presse allemande (Norddeutsche allgemeine Zeitung, 10 novembre), française (L’Écho de Paris, 12 novembre) et italienne (La Stampa, 13 novembre) │ col. pdgit1918
Trois manières de communiquer un même événement : l’annonce au Reichstag de la répartition des prisonniers de guerre italiens vue par la presse allemande (Norddeutsche allgemeine Zeitung, 10 novembre), française (L’Écho de Paris, 12 novembre) et italienne (La Stampa, 13 novembre) │ col. pdgit1918
Trois manières de communiquer un même événement : l’annonce au Reichstag de la répartition des prisonniers de guerre italiens vue par la presse allemande (Norddeutsche allgemeine Zeitung, 10 novembre), française (L’Écho de Paris, 12 novembre) et italienne (La Stampa, 13 novembre) │ col. pdgit1918
Trois manières de communiquer un même événement : l’annonce au Reichstag de la répartition des prisonniers de guerre italiens vue par la presse allemande (Norddeutsche allgemeine Zeitung, 10 novembre), française (L’Écho de Paris, 12 novembre) et italienne (La Stampa, 13 novembre) │ col. pdgit1918
Trois manières de communiquer un même événement : l’annonce au Reichstag de la répartition des prisonniers de guerre italiens vue par la presse allemande (Norddeutsche allgemeine Zeitung, 10 novembre), française (L’Écho de Paris, 12 novembre) et italienne (La Stampa, 13 novembre) │ col. pdgit1918

L’offensive austro-allemande est arrêtée sur le Piave, non loin de Venise. Le même jour, un décret royal nomme Armando Diaz commandant suprême des armées italiennes, le général Cadorna étant ainsi démis de ses fonctions, par suite des pressions de la France et de l’Angleterre.

9 novembre 1917

Les transferts de prisonniers vers le front occidental

Le Ministère allemand de la guerre émet la circulaire n°233 ordonnant la constitution de 22 compagnies de travail pour prisonniers de guerre italiens (Kriegsgefangenen-Arbeits-Kommandos), comptant en principe 500 hommes chacune et réparties entre les différents corps d’armée allemands tenant le front ouest.

12 novembre 1917
12 novembre 1917

On estime à près de 300.000 hommes, en majorité faits prisonniers, les pertes de l’armée italienne depuis la percée de Caporetto, le 24 octobre. Les prisonniers italiens suivent quelques routes principales les menant en Autriche : par Cortina, Tolmezzo ou Pontebba pour les combattants du Cadore et de la Carnia ; par Bozen et Franzensfeste pour les combattants de l’Altopiano et du Grappa ; par Caporetto, Tolmino et Grahovo pour les combattants du Carso. Ensuite, certains sont dirigés vers l’Allemagne, principalement via Munich, tandis que les autres sont transportés dans différents camps en Autriche ou en Hongrie. Jusqu’à cette date, à peine un millier de soldats italiens étaient détenus en Allemagne.

Signature d’un armistice germano-russe et début des négociations entre l’Allemagne et la Russie au sujet des conditions d’une paix séparée. Ludendorff, général en chef des armées allemandes, s’inquiète des conséquences d’un futur échange des prisonniers russes et allemands discuté dans le cadre de ces négociations. Dans ce cas, l’Allemagne perdrait un volume de main-d’œuvre d’environ un million d’hommes, ce qui est inacceptable pour lui. Ludendorff propose alors de négocier un étalement dans le temps de cet échange de prisonniers, mais aussi d’obtenir de l’Autriche-Hongrie un contingent supplémentaire de prisonniers italiens.

15 décembre 1917
décembre 1917

Les premiers contingents de prisonniers italiens arrivent dans les territoires belges et français occupés par l’Allemagne (à Aartrijke, Izegem, Tielt et Muyzen en Belgique, à Douai et Cambrai en France) ou encore à Sundhoffen près de Colmar et à Muespach non loin de Bâle, en Alsace allemande.

Le quotidien belge La Métropole, édité à Londres, relaie l’avis de spécialistes britanniques selon lequel « le maximum de renforcements [allemands] atteindra 500.000 hommes, sans préjudice des hommes qui seront libérés du fait de l’emploi des prisonniers italiens dans les mines et du retour des prisonniers allemands de Russie ». Le même jour, à Paris, Abel Ferry, Délégué au contrôle parlementaire aux Armées, déclare avec amertume : « Nous avions désiré 100.000 travailleurs italiens pour l’organisation de notre front. Nous ne les avons pas obtenus. Mais les Allemands ont pris 150.000 Italiens qui travaillent sur notre front à notre détriment ».
30 décembre 1917

1918

L'union fait la force
15 janvier 1918

Envoyé en mission diplomatique par le Président Clemenceau, Abel Ferry arrive à Rome pour négocier, en autres choses, que l’Italie envoie en France 100 000 travailleurs pour organiser les positions défensives du front français. Après quatre jours de discussion, le 19 janvier 1918, le gouvernement italien accepte. Une convention est signée, créant les « Troupes auxiliaires italiennes en France » (TAIF).

Arrivée en France du premier contingent des TAIF.

21-24 janvier 1918
3-13 février 1918

Arrivée en France du deuxième contingent des TAIF.

Un nouvel accord entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie prévoit un second transfert de prisonniers italiens vers l’Allemagne, en vue de soutenir la grande offensive prévue prochainement sur le front ouest.

16 février 1918
22 février 1918

A Bad Homburg, non loin de Francfort, les détails de l’accord austro-allemand du 16 février sont fixés : Vienne mettra à disposition de Berlin 70 compagnies de travailleurs prisonniers, composées chacune de 200 hommes, soit 14 000 prisonniers au total. 50 seront prélevées sur le front oriental (au sein des 4e et 2e Armées autrichiennes) et 20 sur le front italien (7e Armée autrichienne).

Arrivée en France du troisième contingent des TAIF.

23-27 février 1918
28 février 1918

Le gouvernement italien adopte le décret n°342 qui règlemente l’envoi de paquets aux prisonniers italiens détenus en Allemagne et en Autriche-Hongrie : seule la Croix-Rouge sera autorisée à effectuer ces envois, qui seront limités en nombre et en poids.

Arrivée en France du quatrième et dernier contingent des TAIF.

1er mars 1918
3 mars 1918

Signature du traité de Brest-Litovsk entre l’Allemagne et la Russie, établissant une paix séparée.

Les compagnies de prisonniers italiens venant d’Autriche-Hongrie sont déployées sur le front occidental. Elles relèvent toutes de l’autorité de la Kriegsgefangenenstation C, qui installe ses quartiers au bord de la Meuse près de Huy (Belgique) dans le château de la Neuville.

12-23 mars 1918

Exploitations et circulations

À la fin du mois de mars 1918, des militaires italiens sont donc employés comme travailleurs des deux côtés du front occidental : dans les TAIF par les armées françaises et britanniques, et dans les bataillons de travail pour prisonniers de guerre par l’armée allemande.


À cette date, les localités belges et françaises occupées où sont cantonnés des prisonniers italiens se comptent par dizaines. Nous en avons dénombré près de 70, une liste qui n’est probablement pas exhaustive. Les captifs y sont exploités à de multiples travaux, tous éreintants, au service de l’ennemi. Certains passeront toute leur captivité en un même lieu, comme Settimio Damiani, mis au travail dans une usine de matériel ferroviaire à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg ; d’autres circuleront d’un camp de détention à un autre, tel Emilio Zappellini qui, entre mars et novembre 1918, sera détenu à Libramont, à Huy et à Liège, puis à nouveau à Libramont. Deux hommes parmi tant d’autres, réduits à l’état d’esclaves.

Fin mars 1918
21 mars 1918

Importante offensive de troupes allemandes sur le front ouest, dans le secteur compris entre Cambrai et Saint-Quentin, en Picardie. Elle vise à ouvrir une brèche entre les armées britanniques et françaises et à atteindre Paris. L’offensive du Printemps, également appelée bataille du Kaiser, permettra aux Allemands d’enfoncer le front jusqu’à Montdidier et Château-Thierry, traversant à nouveau la Marne, comme en 1914. Elle prendra fin au mois de juillet.

Arrivée en France du 2e Corps d’Armée italien dirigé par le général Albricci, envoyé pour porter main forte aux armées françaises. Il sera d’abord engagé dans le secteur de Verdun en mai, puis dans celui de Reims à partir de juin.

29 avril 1918
2 mai 1918

Première lettre attestant de l’implication d’Isabella Errera, une aristocrate italienne résidant à Bruxelles, dans l’assistance aux prisonniers italiens détenus en Belgique.

Le nonce apostolique en Belgique, Mgr. Locatelli, envoie au Vatican un rapport accablant sur la situation des 700 prisonniers italiens internés à la Citadelle de Liège.

25 mai 1918

La retraite allemande

“Der schwarze Tag des deutschen Heeres in der Geschichte dieses Kriegesˮ - « Le 8 août est le jour de deuil de l’armée allemande dans l’histoire de cette guerre », écrit Ludendorff dans ses mémoires. Entre Albert et Montdidier, le front allemand cède sous l’attaque des chars britanniques et français. L’armée du Kaiser doit reculer. L’offensive « des cent jours » est lancée ; la retraite commence pour les troupes allemandes, qui emmènent avec elles leurs prisonniers.

8 août 1918
3 septembre 1918

L’évêque de Namur, Mgr Heylen, envoie au Vatican un rapport préoccupant au sujet des prisonniers italiens détenus à Libramont, Halanzy et Musson, dans la province du Luxembourg belge.

Au terme d’une offensive entamée le 26 septembre, le Chemin des Dames tombe aux mains des troupes italiennes du 2e Corps d’Armée. La ligne Hindenburg est franchie, mais de nombreux soldats italiens sont tombés dans la bataille. Ils seront inhumés au cimetière de Soupir.

11 octobre 1918
Septembre, octobre 1918

Depuis le mois de septembre et durant tout le mois d’octobre, les habitants des territoires occupés voient passer les convois de troupes allemandes en retraite. Avec elles se trouvent des prisonniers italiens, forcés de pousser le bétail et les chevaux volés par les Allemands ou de tirer de lourds chariots remplis du matériel dérobé dans les territoires occupés. Certains d’entre eux y perdront la vie, frappés par la grippe espagnole, terrassés par l’épuisement ou abattus par leurs gardiens.

L'armistice et le rapatriement des prisonniers

Armistice de Villa Giusti. La guerre avec l’Autriche-Hongrie est terminée. Les prisonniers italiens détenus en Autriche-Hongrie sont officiellement libres.

4 novembre 1918
11 novembre 1918

Armistice de Villa Giusti. La guerre avec l’Autriche-Hongrie est terminée. Les prisonniers italiens détenus en Autriche-Hongrie sont officiellement libres.

 

A 11h, entrée en vigueur de l’armistice signé à Compiègne. La guerre avec l’Allemagne est terminée. Les prisonniers italiens détenus par les Allemands sont officiellement libres.

Début de l’évacuation des territoires encore occupés en France, en Belgique, au Luxembourg et en Alsace-Lorraine par les troupes allemandes, qui ont quinze jours pour franchir le Rhin. Certains prisonniers italiens restent dans les camps où ils étaient détenus, d’autres commencent à circuler librement. Le même jour, les hommes du 2e Corps d’Armée italien accueille leurs premiers compatriotes libérés du joug allemand.

12 novembre 1918
18 novembre 1918

Le 2e Corps d’Armée italien pénètre en Belgique et s’installe dans les secteurs de Beauraing, Gedinne et Paliseul.

Les dernières troupes allemandes quittent la Belgique.

24 novembre 1918
26 novembre 1918

Dans la matinée, le 2e Corps d’Armée italien se met en marche en direction de l’Allemagne. Ses premiers éléments atteignent Transinne (Belgique) le 28 novembre.

Les prisonniers italiens quittent définitivement le camp d’Andenne (Belgique).

28 novembre 1918
8 décembre 1918

Le 2e Corps d’Armée italien prend ses quartiers dans le secteur de Libin (Belgique).

Réception solennelle du Roi d’Italie à Paris.

20 décembre 1918
21 décembre 1918

Le Roi d’Italie passe à Verdun puis se rend en Belgique ; à Libin, en compagnie du roi Albert et du Maréchal Pétain, il passe en revue une délégation du 2e Corps d’Armée italien.

Nouveau déploiement du 2e Corps d’Armée italien, qui atteint la frontière du Grand-Duché de Luxembourg le 31 décembre. Son état-major s’installe à Saint-Hubert (Belgique).

29 décembre 1918

1919

Le rapatriement des TAIF commence. Il sera terminé le 8 février.

13 janvier 1919
21 janvier 1919

Premier jour du rapatriement du 2e Corps d’Armée italien vers l’Italie. Le dernier train transportant des soldats italiens arrivera au pays le 8 mars.

Bruxelles : dissolution du Bureau de secours pour les prisonniers militaires italiens en Belgique, dont Isabelle Errera fut l’instigatrice et l’animatrice.

10 mars 1919
29 juin 1919

Signature du traité de Versailles, dont les articles 223 et 226 règlent le traitement des sépultures des soldats inhumés en dehors de leur propre pays (recherche des tombes, aménagement et entretien des cimetières et rapatriement des corps).

A Paris, Grand défilé de la victoire auquel participent des contingents de toutes les nations alliées, y compris Belges et Italiens.

14 juillet 1919
Septembre 1919

Début des travaux d’aménagement du cimetière militaire italien de Bligny, en France.

Le journal de la communauté italienne de Bruxelles, L’Eco d’Italia, annonce que Madame Isabella Errera est décorée de la médaille d’argent de la Croix-Rouge italienne pour son action en faveur des prisonniers italiens détenus en Belgique.

30 novembre 1919

Écrire leur histoire

1920

Publication du troisième volume de l’enquête de la Commission royale italienne sur les violations du droit des gens par l’ennemi, qui concerne le traitement des prisonniers de guerre (Relazioni della Reale commissione d’inchiesta sulle violazioni del diritto delle genti commesse dal nemico, III, Trattamento dei prigionieri di guerra e degli internati civili). L’Autriche et l’Allemagne déclarent officiellement se trouver dans l’impossibilité absolue d’indiquer le nombre de décès de prisonniers survenus parmi les compagnies de travail envoyées en dehors des camps. « Qui pourra dire combien de victimes ont fait les compagnies de travail dans les diverses régions de la monarchie austro-hongroise, dans les terres françaises occupées, en Pologne et en Galicie, dans les Balkans et en Turquie asiatique ? », en conclut gravement la Commission.
1920
Février 1920

Début des travaux d’aménagement du cimetière militaire italien de Soupir, en France.

Bruxelles : l’Office des Sépultures Militaires du ministère de la Guerre transmet au gouvernement italien une liste nominative de 532 militaires italiens inhumés en Belgique. À la même époque, le service de presse et de publicité des chemins de fer de l’État belge publie une carte de Belgique indiquant tous les cimetières, civils et militaires, où reposent des soldats tombés au cours de la guerre. La liste concernant les défunts italiens reprend 66 localités différentes, pour un total de 514 sépultures, dont 185 dans la seule nécropole de Robermont à Liège.

voir la liste des cimetières
8 juin 1920
2 novembre 1920

Fin de la première opération de regroupements de corps de militaires italiens inhumés en France : à cette date, 1886 corps avaient été exhumés dans différents cimetières et transférés à Soupir et à Bligny.

1921

Au cimetière de Soupir, inauguration du monument aux soldats italiens morts pour la France.

20 septembre 1921

1922

Octobre 1922

Visite du roi Victor-Emmanuel III en Belgique. Il se rend notamment à Liège et fleurit les tombes italiennes de la nécropole de Robermont.

1923

Inauguration officielle du monument aux soldats italiens dans le cimetière de Bligny.

1er juillet 1923

1924

10 septembre 1924

Deuxième opération de regroupement de corps de militaires italiens enterrés en France : 183 dépouilles seront exhumées et amenées dans les cimetières militaires de Bligny et de Soupir.

Inauguration du monument interallié dans le cimetière de Gand, où reposent 24 soldats italiens, morts en captivité sur le sol belge.

24 octobre 1924

1925

Octobre et novembre 1925

Première opération de regroupement de corps de militaires italiens enterrés en Belgique : 69 dépouilles sont rassemblées dans la nécropole militaire à Houthulst. Deux autres corps de soldats italiens y seront encore amenés en 1928 et 1929.

Un décret royal italien énonce : « Il est un devoir national de rassembler et publier dans un album les noms de ceux qui sont tombés durant la guerre 1915-1918 pour préserver, en signe d’honneur, leur pérenne souvenir ». Une commission est créée au sein du ministère de la Guerre pour réaliser la publication de ce « Livre d’or » (Albo d’Oro dei Militari caduti nella Guerra nazionale 1915-1918). La tâche est titanesque : 28 volumes seront publiés, le premier en 1926, le dernier en 1964. Y figurent tant les soldats morts au combat ou de leurs blessures que ceux décédés en captivité. Néanmoins, la formule utilisée pour les prisonniers est la sobre mention « mort en prison », sans aucune précision de lieu, contrairement aux hommes morts au champ d’honneur. Une information essentielle au sujet de leur histoire est ainsi perdue.

22 novembre 1925

1926

6 janvier 1926

La troisième opération de regroupements de corps de soldats italiens enterrés en France est lancée : 1819 dépouilles seront acheminées dans le cimetière militaire de Bligny dans le courant des années 1926 et 1927.

1928

Deuxième opération de regroupement de corps de militaires italiens enterrés en Belgique : environ 200 dépouilles sont rassemblées dans la nécropole militaire de Robermont à Liège.

Juillet 1928

1975

18 novembre 1975

Troisième opération de regroupement de corps de militaires italiens enterrés en Belgique : 6 dépouilles sont transférées depuis Deinze dans la nécropole militaire belge à Houthulst.

1978

Quatrième opération de regroupement de corps de militaires italiens enterrés en Belgique : 12 dépouilles sont transférées depuis Aubange dans la nécropole militaire de Robermont à Liège.

15 novembre 1978

1979

L’historienne belge Anne Morelli publie la première étude académique établissant la présence de prisonniers italiens en Belgique durant la Première Guerre mondiale.

1993

L’historienne italienne Giovanna Procacci publie son livre Soldati e prigionieri italiani nella Grande Guerra, première étude scientifique au sujet des prisonniers italiens de la Grande Guerre. Cependant, leur présence sur le front ouest n’y est pas évoquée.

2001

Le livre que publie Camillo Pavan, I prigionieri italiani dopo Caporetto, contient une liste inédite des lieux de détention des prisonniers italiens durant la Première Guerre mondiale, établie par Alberto Burato. Parmi les 470 localités recensées, on trouve 11 localités belges et 5 localités françaises.

2014

Mise en ligne de la base de données « La Liste des Noms » dans le cadre du projet de commémoration « Gone West » de la province de Flandre Occidentale : elle recense les victimes de toutes nationalités tombées sur le sol belge au cours de la Première Guerre mondiale, y compris les soldats italiens. Les autres bases de données nominatives existantes recensent uniquement des nationaux : la Banca dei Caduti e Dispersi 1ª Guerra Mondiale pour l’Italie, le site Mémoire des hommes pour la France ou les registres de la Commonwealth War Graves Commission britannique.

2019

L’historien belge Dries Vanysacker et l’équipe du projet « The Names List » porté par le musée In Flanders Fields à Ypres publient une étude magistrale : Ai nostri gloriosi morti. L’énigme de la présence des soldats italiens en Belgique pendant la Première Guerre mondiale. Elle renouvelle profondément la connaissance de cet épisode de l’histoire militaire.

2021

Mise en ligne du site PDGIT1918.BE